Monday, 31 October 2016

Revolutionary Legacy of Bhagat Singh-in French Translation-L'Héritage révolutionnaire de Bhagat Singh

L'Héritage révolutionnaire de Bhagat Singh.

CHAMAN LAL,
Economical and political Weekly, 28/07/2007, extraits.

               La vie de Bhagat Singh ( 28 Septembre 1907-23 Mars 1931,), son oeuvre et sa pensée ont été marqués par une lutte sans compromis contre  le colonialisme et l'impérialisme, ainsi que par une opposition radicale au capitalisme, au communalisme[1] et au système des castes. Cet article est un compte rendu enthousiaste de sa vie et son activité révolutionnaire, de ses idéaux, ses opinions et son héritage.  
 Au moment (2007) où le pays se prépare à commémorer le centième anniversaire de la naissance de Bhagat Singh, la référence à son engagement et celui de ses camrades semble plus que jamais indispensable aujourd'hui, peut-être plus qu'à tout autre moment de la vie de l'Inde depuis 1947. 
 L'Inde et d'autres pays, sont aujourd'hui toujours confrontés à des pressions qui menacent leurs indépendances dans la conduite de leurs politiques étrangères, ainsi que dans l'élaboration de politiques nationales en fonction des besoins de leurs peuples. En ces temps difficiles, nous nous remémorons Bhagat Singh et Che Guevara, qui ont tous deux lutté contre toutes les formes d' impérialisme et de colonialisme.
Alors que l'histoire de Che Guevara est connue dans le monde entier, l'histoire de la lutte de Bhagat Singh[2] contre l' impérialisme britannique se doit d'être racontée; car elle peut inspirer les gens en lutte à travers le monde, comme la saga du Che a pu le faire.
Le 8 Avril 1929 Bhagat Singh et BK Dutt lancèrent des bombes non-létales ( qui ne visaient pas à tuer) en vue de «faire entendre les sourds» dans l'enceinte de l'Assemblée Centrale, appelée Parlement aujourd'hui. A cette occasion, deux slogans interpellèrent pour toujours l'imaginaire des Indiens « Inquilab Zindabad!» (Vive la Révolution!) et «Down with Imperialism!»( A bas l'Impérialisme!). En fait, ces deux slogans découlaient d'une volonté de changer l'orientation des perspectives critiques dans le mouvement révolutionnaire indien, et ils ont peu à peu remplacé l'ancien slogan populaire des révolutionnaires «Bande Mataram»[3]. Ce ne fut pas seulement un changement au niveau linguistique, du sanskrit à un mélange d'hindustani et d'anglais, mais un signe de la propagation certaine d'une réelle conscience critique dans le mouvement révolutionnaire du pays. Et l'un des catalyseurs de ce changement ne fût nul autre que Bhagat Singh, qui à ce moment là, grâce à son expérience du mouvement révolutionnaire et une étude méthodologique du mouvement révolutionnaire dans le monde entier, en particulier de l'expérience soviétique, avait atteint la conclusion qu'il ne suffit pas de «libérer notre Mère Inde des chaînes de l'esclavage étranger », mais qu'il apparaissait beaucoup plus important de comprendre l'ensemble des systèmes d'asservissement et d' exploitation au sein d' autres nations, à savoir les mécanismes et les leviers de l' impérialisme, puis de cerner l'aiguillon pour le briser. Bhagat Singh avait entrepris cette étude dès l' âge de 14 ou 15 ans. A aucun autre moment de la vie de l' Inde depuis 1947, la référence à ces deux mots d'ordre de Bhagat Singh  n'a paru si précieuse qu'aujourd'hui, contre les assauts d'un impérialisme plus vicieux encore que dans le passé.

 1.Les premières influences

                 Bhagat Singh est né le 28 Septembre 1907, à Lyallpur Banga au Pendjab, maintenant située au Pakistan, une heureuse coïncidence puisque c’est ce même jour qu’on appris les libérations des geôles britanniques de son père Kishan Singh, et de deux de ses oncles, le révolutionnaire Ajit Singh et le jeune Swarn Singh. Swarn, qui avait contracté la tuberculose en prison, mourût peu après sa libération à l'âge de 24 ans. Son oncle révolutionnaire Ajit Singh, le fondateur de la Bharat Mata Society[4], ainsi que Lala Lajpat Rai[5], furent forcés de quitter le pays en 1909, lorsque Bhagat Singh était âgé de deux ans, pour ne revenir que lorsque l' Inde se trouva aux portes de l'indépendance et de mourir le jour même de l' indépendance (le 15 Août  1947) à Dalhousie, en Himachal Pradesh.
À l'âge de 12 ans, Bhagat Singh visita Jallianwala Bagh à Amritsar après le massacre d'innocents en Avril 1919 [6], et en ramena chez lui du «sable imbibé de sang». À l'âge de 14 ans, en 1921, alors qu'il étudiait à Lahore, il informa son grand-père des préparatifs réalisés par les travailleurs des chemins de fer en vue d'une importante grève. Bhagat Singh rejoignit le National College de Lahore à 15 ans. Auparavant, il avait accueilli des travailleurs en lutte du parti Akali[7] dans son village, après le massacre du 4 février 1921, quand Mahant Narain Dass, en collaboration avec les autorités britanniques, avaient tué 140 Sikhs dévots au Gurdwara Nankana Sahib.
Soucieux des penchants révolutionnaires de plus en plus marqués chez Bhagat Singh, sa famille, et en particulier son père, crurent pouvoir «l'assagir par le mariage »! Il vivait déjà auprès de deux jeunes femmes, la veuve de son jeune oncle Swarn Singh et Bibi Harnam Kaur, épouse de son  oncle révolutionnaire exilé, Ajit Singh. Si le mariage n'avait pu pas «contrôler» Ajit Singh, comment aurait-il pu « l'assagir ? » Bhagat Singh? Il était sensible aux souffrances de ses deux tantes, et était particulièrement attaché à sa tante Harnam Kaur, épouse de Ajit Singh. Selon l'un de ses proches camarades de classe, Jaidev Gupta, Bhagat Singh a été confié à Harnam Kaur comme un «fils» , tandis que son mari Ajit Singh vivait en exil pour un période indéterminée. Bhagat Singh, en tout cas, était comme le fils politique d' Ajit Singh, avec qui il partageait un lien étroit malgré son absence. Philosophiquement et poltiquement, Ajit Singh était plus avancé que la direction du Parti du Congrès[8] au Pendjab, notamment dans sa conception de la liberté pour l' Inde. Il était aussi beaucoup plus révolutionnaire que la direction du Congrès, cherchant à éveiller et à organiser la paysannerie à la base contre son exploitation économique par les grands propriétaires féodaux et le système colonial. Bhagat Singh est allé au-delà des réflexions aiguisées de son oncle et a adopté la vision marxiste de la libération comme une fin nécessaire.
À l'âge de 15 ans , Bhagat Singh interrogea son père sur le retrait du Mahatma Gandhi du mouvement de Non-coopération après les Incidents Chauri Chaura[9]. En effet, l'échec du mouvement de Non-coopération après Chauri Chaura en 1922 avait durablement marqué les jeunes et les révolutionnaires de toute l' Inde. Chandra Shekhar Azad, qui a été fouetté pour avoir crié « Mahatma Gandhi Ki Jai ?» (« Qui est ce Gandhi? »), fit partie des jeunes, très amers de ces évolutions, qui plus tard, au cours de leurs activités révolutionnaires, ne pourraient plus jamais faire confiance à Gandhi. Ils furent associés dans la lutte anticoloniale à CR Dass, Jawaharlal Nehru, Subhash Chandra Bose, Lala Lajpat Rai et Madan Mohan Malviya, mais pas à Gandhi, bien qu'une correspondance avec lui exista. Gandhi ne répondit à la lettre de Sukhdev dans Young India, également intitulée « Who is this Gandhi ? » (« Qui est ce Gandhi ? »), qu'après l'exécution de ce dernier par les Britanniques. Pour être juste, Gandhi ne reçut la lettre, écrite bien plus tôt, qu'après les exécutions de Sukhdev, Bhagat Singh et Raj Guru. D'une certaine manière, le retrait du mouvement de Non-coopération en 1922 a redonné une impulsion au mouvement révolutionnaire dans tout le pays, notamment dans des groupes déjà existants au Bengale comme Ahushilan et Yugantar, ou l'Hindustan Republican Association (HRA)[10] dans les Provinces Unies, etc.
Bhagat Singh atteint Kanpur en 1923, après avoir informé par lettre son père, qu'il dédiait sa vie à la nation et qu'il ne pouvait penser à se marier. Son professeur à la National College, Jai Chander Vidyalankar avait écrit une lettre d'introduction de Bhagat Singh à Ganesh Shankar Vidyarthi, rédacteur en chef du journal Pratap[11] à Kanpur et président du Congrès dans les Provinces - Unies. Bhagat Singh n'a alors pas seulement travaillé pour Pratap, il a également rejoint l'organisation révolutionnaire clandestine, l' Hindustan Republican Association, dirigée par Sachinder Nath Sanyal, l'auteur de « Bandi Jivan »[12] (Une Vie de Captivité ) , qui avait préalablement été incarcéré dans les îles Andamans. Bhagat Singh l'avait rencontré à Lahore. Il était aussi à Kanpur lorsque Bhagat Singh rencontra Bejoy Kumar Sinha, Shiv Verma, Jaider Kapoor, BK Dutt et Ajay Ghosh.
Sukhdev et Bhagwati Charn Vohra étaient ses camarades à Lahore. Après avoir passé environ six mois à écrire dans Pratap, sous le nom de plume de Balwant, assumant également partiellement les fonctions de directeur dans une école nationale autour de Aligarh, Bhagat Singh revînt à Lahore après la maladie de sa grand - mère afin d' obtenir l' assurance que plus personne dans sa famille ne lui parle de mariage.
À l'âge de 17 ans, Bhagat Singh avait tant mûri intellectuellement, qu'il écrivit un essai imprimé en Hindi sur la question de la langue du/au Pendjab. En 1924 et 1925, il écrivit 'Vishv Prem' ( « L' amour avec le monde »)  et « Yuvak », qui ont été publiés dans Matwala, tous deux sous le nom de Balwant Singh. Son article de 1926 sur l'exécution des six Babbar Akali révolutionnaires[13] intitulé «ke Holi din rakat ke Chinte » (« Pluies de sang pour Holi ») a été publié sous la signature d'«un jeune Pendjabi ».
 Dans «Pourquoi je suis un athée », écrit en 1930, Bhagat Singh évoque son cheminement vers l' athéisme à la fin de 1926, alors qu'il n'a pas encore 19 ans. Avec pour toile de fond, la littérature marxiste de la Bibliothèque Dwarka Dass à Lahore, où Bhagat Singh  devint un vorace lecteur à partir de 1924. Il ne s'est d'ailleurs pas contenté de devenir seulement un athée, cherchant toujours des idées radicales pour la libération et l'émancipation humaine. Il devint un marxiste engagé, notamment dans ses contacts avec le groupe Kirti des révolutionnaires Ghadrites/Ghadars[14] du Pendjab. Il publia régulièrement des articles dans le journal Kirti sur diverses questions comme «le Communalisme et sa solution », « le Problème de l' Intouchabilité », « La religion et  notre lutte de libération», etc.
S'il cultivait des différences avec les Ghadrites/Ghadars révolutionnaires, elles ne reposaient que sur l'élaboration même ​​du programme du parti révolutionnaire. Bhagat Singh et ses camarades étaient convaincus que pour réveiller le pays de son sommeil, la jeunesse se devait d'opérer certaines actions révolutionnaires, nationalistes et audacieuses, et de procéder à des sacrifices pour faire avancer le mouvement anti-colonial.

2. Adoption de l' ordre du jour socialiste

              En 1928, Bhagat Singh, mais aussi Sukhdev et Bhagwati Charan Vohra au Pendjab ainsi que Bejoy Kumar Sinha, Shiv Verma et Jaidev Kapoor en Uttar Pradesh s'accordèrent sur la nécessité d'un ordre du jour socialiste pour leur parti révolutionnaire. Ils appelèrent à une réunion d'urgence du comité central de l' HRA les 8 et 9 Septembre 1928  au Ferozeshah Kotla à Delhi, où , après de longues délibérations et à la suggestion de Bhagat Singh, soutenu par Sukhdev, Bejoy Kumar Sinha, Shiv Verma et Jaidev Kapoor, le HRA a été rebaptisé Association socialiste républicaine Hindustani (HSRA). L'ajout du mot socialiste n'était pas seulement ornemental comme cela fut le cas pour/sous Indira Gandhi pendant l'état d'urgence dans les années 1970, qui ne fit qu'ajouter le terme socialiste au préambule de la Constitution indienne. Ce fut un changement longuement réfléchi qui visait à transformer la finalité de la révolution indienne, et qui reçut l'approbation de Chandra Shekhar Azad lui-même, qui bien que peu instruit du projet, se reposait sur son entière confiance en Bhagat Singh.
Avant la constitution du HSRA en 1928, Bhagat Singh s'était déjà formé au travail d' organisation des masses. Le Naujawan Bharat Sabha (NBS) avait été formé en 1926 sur le schéma des organisations de jeunesse en Italie, inspirées par Mazzini et Garibaldi. Bhagat Singh en fut le secrétaire général et Bhagwati Charan Vohra  le secrétaire à la propagande. Entre autres activités, le NBS  développa des lieux de recueillement où les photos de patriotes décédés étaient illuminées à la lanterne. Ils furent particulièrement touchés par le sacrifice de Kartar Singh Sarabha[15], exécuté au jeune âge de 19 ans en 1915 à Lahore et dont Bhagat Singh avait toujours une photographie dans la poche. À toutes leurs réunions publiques ils décoraient d'une guirlande la photo de Sarabha sur l'estrade. Au cours de cette période, les Révolutionnaires Ghadrites de retour de Moscou et solidement formés à la théorie communiste, avaient formé le groupe Kirti. Santokh Singh  créa Kirti, un journal en pendjabi dans lequel écrivit également Bhagat Singh. Par la suite Sohan Singh Josh en devint le rédacteur en chef après le décès soudain de Santokh Singh.
Bhagat Singh travailla pendant une longue période avec la rédaction de Kirti, et fut aussi en contact avec Sohan Singh Jos en ce qui concernait les activités du NBS. Même avant la formation du NBS à Lahore, Bhagat Singh eut des liens avec les premiers communistes du pays à Kanpur, qui était alors une ville ouvrière. Il y rencontra alors notamment des communistes tels que Satyabhakat, Radha Mohan Gokulji et Shaukat Usmani.
Bhagat Singh fit  concrètement parti du mouvement communiste en Inde depuis sa création, ses activités ultérieures en attestant. Bien sûr, il n'était pas formellement membre du parti communiste, qui n'en était alors qu'à son émergence. Mais il avait rencontré Muzzafar Ahmad, l' un des fondateurs du parti communiste, qui était venu à Lahore après sa sortie de prison dans l'affaire de la conspiration de Kanpur en 1924[16]. Ainsi Bhagat Singh n'eût aucune réserve à se joindre au parti communiste, au moment même où il tentait avec ses proches camarades de développer leur propre organisation révolutionnaire, le HSRA. Il leur apparut clairement que le HSRA devait appuyer les masses, qu'elles soient constituées d' ouvriers, de paysans, d' étudiants ou d' autres sections potentiellement révolutionnaires de la société.
 Compte tenu de la conscience politique encore incertaine de l'Indien de la rue , quelques actions exemplaires et tranchantes furent nécessaires pour réveiller les masses de leur sommeil et lancer un soulèvement puissant contre le colonialisme britannique. Sohan Singh Josh avait ainsi judicieusement articulé le fruit de ses quatre réunions avec Bhagat Singh. Mais à la suite de la formation du HSRA en Septembre 1928, certains développements politiques l'empêchèrent de se transformer en noyau véritable d'un ensemble d'organisations de masse.
Cependant, en dehors du NBS, des organisations de masse telles que le Lahore Students  Union, Union Bal Students et Bal Bharat Sabha s'étaient constituées. Il est intéressant de noter ici que le NBS avait contribué à la formation du Bal Bharat Sabha, une organisation de jeunes souvent âgés de 12 à 16 ans. Aucun historien ne semble encore avoir prêté attention à cet aspect intéressant de la lutte pour la liberté. Le président du Bal Bharat Sabha à Amritsar, Kahan Chand, âgé lui de seulement 11 ans, fut soumis à trois mois d'un rigoureux emprisonnement. Et Yash, âgé de seulement 10 ans, qui allait devenir plus tard l' éditeur renommé du quotidien en ourdou Milap, fut secrétaire du Bal Bharat Sabha. Il fut poursuivi pour trois chefs d' accusation, dont notamment son soutien au parti du  Congrès de la ville de Lahore et au NBS. 1192 mineurs de moins de 15 ans furent ainsi condamnés pour leurs activités politiques. Outre le Bal Bharat Sabha, l' Union Bal Students joua alors également un grand rôle dans l'agiation anti-coloniale. À l'époque, Bhagat Singh incitait les jeunes Pendjabis à se joindre à ces organisations, et même les dirigeants du Congrès de Lahore furent  marqués par sa personnalité magnétique. Le petit-fils de Lala Lajpat Rai, Baldev Raj, était le secrétaire de l' Union Bal Students, et Dyanat Rai son président. La ferveur anti-coloniale générée par Bhagat Singh et ses camarades ne cessait de s'accroître.

3. Pris par la Répression Coloniale

             Alarmée par son impact et son influence sur ​​les jeunes, la police de Lahore arrêta Bhagat Singh en mai 1927, sous le prétexte de son implication dans l'affaire de la bombe Dussehra[17], en octobre 1926. Il fut maintenu en prison pendant environ six semaines. C'est durant cette période que Bhagat Singh élabora des projets de manifestations de masse au  Pendjab, mais avant que ces activités ne trouvent une dynamique et un momentum, la Commission Simon[18] se déplaça en Inde. En dépit de ses divergences avec Lala Lajpat Rai, notamment en raison de son association avec des éléments communalistes, il lui fut demandé d'organiser la manifestation coordonnée par le NBS contre la Commission Simon le 30 octobre 1928. Bhagat Singh ne fut lui-même pas présent à cette manifestation, mais les militants du NBS fournissaient une protection/escorte à Lalaji ( Lala Lajpat Rai), lorsqu' un affrontement avec les policiers britanniques eut lieu. Le surintendant de la police (SP) de la ville de Lahore, Scott, ordonna une charge de lathis[19] et son adjoint, Saunders se déchaîna personnellement sur Lalaji, le rouant de coups et entraînant sa mort quelques jours plus tard, le 17 novembre 1928.
En réponse, Basanti Devi, la veuve de C.R. Das , exhorta la jeunesse de tout le pays à venger l'insulte faite à la nation par l'assassinat de Lalaji. Bhagat Singh ne pouvait pas manquer pareille occasion; le HSRA  décida de faire disparaître Scott, qui était le commanditaire de la mort de Lalaji. Bhagat Singh et Rajguru furent choisis pour assassiner le Super Intendant Scott, Jai Gopal pour l'identifier et Chandra Shekhar Azad pour fournir une couverture à l' équipe entière. Bhagat Singh était censé ouvrir le feu le premier, mais le jour venu, au signal donné par Jai Gopal ayant identifié l'officier britannique, Rajguru tira immédiatement sur lui, tandis que Bhagat Singh essaya d' interpeler Azad en lui disant : "Panditji, Ce n' est pas Scott mais S..." (« Proceedings of Lahore Conspiracy Case » dans les Notes de Sukhdev). Mais avant qu'il ne puisse finir sa phrase, ce fut bien l'adjoint Saunders qui était abattu par Rajguru, toujours désireux de s'illustrer et de se couvrir d'honneur. Bhagat Singh n'eut d' autres options que de vider encore trois ou quatre autres balles dans le corps de Saunders pour veiller à ce qu'il ne survive pas.
Des affiches parurent spontanément dans Lahore le lendemain matin, célébrant les révolutionnaires ayant commis l'assassinat de Saunders, qui était physiquement responsable de la mort de Lalaji, et constituait comme Scott un symbole du pouvoir colonial. Cet acte scella le sort de Bhagat Singh, qui comprenait bien qu'il allait être exécuté après son arrestation et le procès. Il décida alors d'effectuer le plus grand nombre possible d'actes révolutionnaires, dans le court laps de vie qu'il lui restait.
De nombreux camarades du HSRA devinrent clandestins après leur implication dans l'affaire de l'attentat ferroviaire à Kakori[20], en particulier Chandra Shekhar Azad. Après l'assassinat de Saunders, Bhagat Singh, Rajguru, Sukhdev et d' autres durent également entrer en clandestinité. Bhagat Singh s' échappa à Calcutta avec Durga Bhabhi où il fut en contact avec certains révolutionnaires bengalis, parmi lesquels Jatinder Nath qui accepta d'aller à Lahore pour former d' autres camarades aux techniques de fabrication d'explosifs.
À ce stade, l'HSRA en était arrivé à une conclusion: après avoir adopté une perspective socialiste de libération indienne, ils voulaient maintenant se concentrer plus encore sur l' organisation des travailleurs, des paysans, des étudiants et des jeunes, mais l'assassinat de Saunders et certaines affaires antérieures ne leur permettait pas de travailler ouvertement. Ils ne pouvaient pas non plus prendre comme couverture le parti du Congrès pour le travail politique ouvert, tant ils avaient de différences fondamentales avec ce parti.
Dans une telle situation, la seule option, pour lui–même comme pour le HSRA, était d'éveiller les gens à l' engagement révolutionnaire, mais avec un minimum de morts/pertes, puis de sacrifier leurs propres vies de telle manière que tout le pays prenne réellement conscience de leurs objectifs et leurs idées. Bhagat Singh voulut également supprimer/se défaire de l'adjectif « terroriste », appliqué tant à l'organisation, qu'à ses membres. Pour cela, il voulait utiliser des plates-formes, d'où leurs voix pourraient atteindre des millions de personnes. Bhagat Singh comprenait bien qu'en sacrifiant leur vie à la fleur de leur jeunesse, ils se devaient de pouvoir inspirer en retour un grand nombre de leurs compatriotes et camarades. Par la revendication de l'assassinat de Saunders en plein jour, le HSRA défendait aussi très sérieusement cette position. Bhagat Singh, lors de ses interrogatoires, confirma évidemment n'agir sans rancune personnelle ou malveillance orientée.

4. « Faire entendre les sourds »

            Jatin Das[21] vint à Lahore et les bombes furent fabriquées dans des maisons louées. Constatant l'accueil enthousiaste de l' assassinat de Saunders par la population, Bhagat Singh voulait entreprendre une autre initiative tout aussi spectaculaire. Le gouvernement colonial britannique était alors résolument décidé à légiférer et entériner le projet de loi sur la sécurité publique et les projets de loi commerciaux, en dépit d' une forte opposition des masses et des membres de l'Assemblée Centrale. Bhagat Singh et ses camarades décidèrent de jeter des bombes inoffensives destinées uniquement à causer un grand bruit dans l'Assemblée Centrale.
La question fut discutée au comité central du HSRA en l'absence de Sukhdev. La proposition de Bhagat Singh de remplacer ce dernier ? pour l'action fut rejetée, sachant qu'il aurait déjà à subir les conséquences de l' assassinat de Saunders, le parti ne voulant pas perdre un leader de sa stature à un moment aussi crucial. Lorsque Sukhdev apprit la décision, et malgré son étroite amitié pour Bhagat Singh, il lui reprocha, contrarié, d' « essayer de sauver sa peau», alors qu'il savait pertinemment que personne d'autre ne pouvait mieux défendre la cause du parti que lui. Le comité central se réunit à nouveau et Bhagat Singh insista pour faire partie de l'équipe et se faire arrêter après l'opération. Le comité aurait préféré qu'ils s'échappent après l'intervention mais accepta à contrecoeur les modalités proposées de Bhagat Singh.
 L'entreprise fut inspirée par la geste similaire d'un révolutionnaire au Parlement français[22] afin d' attirer l'attention sur la pauvreté du peuple au son du bon-mot devenu célèbre, « Il y a besoin d' une explosion pour faire entendre les sourds ». C'était également la première phrase de brochures qu'éparpillèrent Bhagat Singh et BK Dutt à travers l'Assemblée Centrale après avoir jeté les deux bombes inoffensives sur des bancs vides du Parlement. Mais l'explosion créa une grande confusion/panique dans l' Assemblée et seuls quelques membres comme Pandit Motilal Nehru, Madan Mohan Malviya et Jinnah[23] réussirent à garder leur calme en restant debout sur ​​leurs sièges. Les autres, y compris le secrétaire de l'Assemblée/le ministre de l'intérieur, coururent pêle-mêle, quelques-uns se cachant même sous les bancs. Et voici l'origine des deux slogans historiques « Inquilab Zindabad !» (Long Live Revolution!) et « Samrajyavad Ka Nash Ho! » (A bas l'Impérialisme !); au fil du temps, ces slogans, et particulièrement «Inquilab Zindabad!» fut repris par nombres de groupes révolutionnaires, mais  aussi par la plupart de toutes les autres organisations, y compris le Congrès. Bien entendu, la Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), le Hindu Mahasabha[24] et autres organisations communalistes et ultra-nationalistes n'eurent jamais quoi que ce soit à voir avec ce slogan.
En fait, «Inquilab Zindabad!» est une traduction de « Long Live Revolution! », un slogan internationaliste de la classe ouvrière. Il fut précédemment traduit en hindi par «Kranti Chirjivi Ho», mais il n'eut pas la même emprise sur l'imaginaire du peuple. «Inquilab Zindabad!» s'est non seulement inscrit dans l'imaginaire des peuples de langue hindi, mais fut ensuite repris à travers toute l'Inde d' Agartala à Chennai, et de Srinagar à Mumbai. Il devint extrêmement populaire dans le sous-continent Indien et dans certains pays alentours. Bhagat Singh se réjouît à juste titre «d'avoir, au cours de sa courte vie, popularisé ce slogan auprès de centaines de millions d' Indiens ». «Inquilab Zindabad!», remplaça finalement le «Bande Mataram», qui fut le slogan le plus populaire du mouvement nationaliste et anti-colonial de 1905 à ce fameux 8 Avril 1929. 5. Dan

5. Devant la Cour et en Prison.es

       L' explosion à l'Assemblée avait été très méticuleusement planifiée. Des photographies de Bhagat Singh et Dutt avait été prises avant l'action, des copies de la déclaration publiée à l'occasion furent imprimées en abondance et la presse les obtint  le jour même, le 8 Avril 1929. Les agents de police britanniques eurent peur de les arrêter alors que deux d'entre eux étaient munis de pistolets, mais tout en criant les slogans, ils déposèrent leurs pistolets sur une table, indiquant ainsi à la police qu'ils étaient prêts à être arrêtés. Les officiers de police ne les arrêtèrent effectivement que lorsqu'ils eurent mis leurs armes de côté, alors qu'entre-temps, Jaidev Kapoor avait réussi à quitter la salle de l' Assemblée.
L' objectif immédiat du groupe révolutionnaire avait été atteint et la tâche suivante consistait  maintenant à diffuser le message de la révolution parmi leurs compatriotes. Bhagat Singh avait à nouveau un plan clairement échafaudé. Ils ne se défendraient pas devant les tribunaux britanniques, mais les utiliseraient plutôt comme des plates-formes pour diffuser leur message en y faisant des déclarations politiques. Ils ne prirent pas de défenseurs, mais acceptèrent tout de même  les conseils d' avocats. L' avocat nationaliste Asaf Ali les assista, et ce fut lui qui lut le 6 juin 1929, la déclaration historique de Bhagat Singh et BK Dutt durant les audiences devant la cour où ils étaient jugés dans l'affaire des bombes au Parlement de Delhi.
Cette déclaration est un document  politique qui explique les objectifs et les objectifs du mouvement révolutionnaire en termes lucides (Shiv Verma (ed), Selected Writings of Shaheed Bhagat Singh, National Book Center, New Delhi, 1986, p 71[25]): « Nous prétendons humblement n' être rien d'autre que des bons connaisseurs de l'histoire et de la condition de notre pays et de ses aspirations. Nous méprisons l' hypocrisie. Notre pratique et nos protestations sont depuis toujours inscrites contre l' Institution Coloniale, qui, depuis son émergence, a constamment révélé non seulement son inutilité, mais aussi son implacable penchant pour l' injustice. Plus nous y avons réfléchi, et plus profondément nous avons été convaincus qu' elle existe précisément pour démontrer au monde entier l' humiliation de l' Inde et son impuissance, symbolisant la domination castratrice d'un régime autocratique mondialement irrésistible[26]. (...) Des résolutions solennelles passées devant l' Assemblée Centrale ont été dédaigneusement vilipendées et abrogées par le soi-disant Parlement Indien.
Bhagat Singh et Dutt clarifièrent leur but: «Nous sommes décidés à supporter notre peine et assumer nos actes, en faisant entendre aux exploiteurs impérialistes qu' ils ne peuvent tuer nos idées par l' écrasement des individus. Même en écrasant deux éléments insignifiants, vous ne pourrez détruire la volonté d'une nation. »  (ibid, p 73). Et ils provoquèrent la puissance coloniale en l'interrogeant : « Est-ce des ordonnances et des projets de loi sécuritaires que peuvent émerger les flammes de la liberté en Inde?  En multipliant les cas de conspirations forgés de toutes pièces, vous procédez à l'incarcération de ces jeunes hommes, qui chérissent tous un grand idéal, ne voulant pas qu'ils participent à la marche de la révolution. Mais un avertissement en temps opportun, s'il n'est pas ignoré, peut aider à prévenir la perte de nombreuses vies et les souffrances communes. Nous avons  tout tenté pour fournir cet avertissement et notre devoir est maintenant fait »(ibid, pp 73-74).
Bhagat Singh et Dutt expliquèrent dans leur déclaration comment ils avaient volontairement jeté les bombes inoffensives dans des espaces vides où les sièges étaient vacants, afin de ne nuire à personne, les seuls dommages ayant été causés aux bancs vides ainsi que de légères brûlures et abrasions pour moins d'une demi-douzaine de personnes. Et comme ils furent invités par la cour à expliciter  ce qu'ils entendaient par le terme de révolution,  Bhagat Singh développa alors le concept de révolution (presque) dans la terminologie marxiste. Il critiqua l'essor du capitalisme industriel et impérial et s'inscrivit pour la mise en place de la dictature du prolétariat, comme réalisation effective de l' idéal de la révolution. Et pourtant, il rappela aussi à la puissance coloniale britannique la formule marxiste qui reconnaît « la transition pacifique possible si les avertissements en temps opportun sont pris en compte par la puissance qui domine » . Il conclut à nouveau sa déclaration avec le slogan « Long Live Revolution! ».
En fait, le concept de révolution irradiait tant Bhagat Singh que toute son attention et son énergie se focalisaient à clarifier pour lui-même, et pour ses camarades et compatriotes, les mécanismes de la puissance impérialiste. Lorsque Ramanand Chatterjee, rédacteur en chef de la Modern Review ridiculisa le slogan « Long Live Revolution! », Bhagat Singh et Dutt lui répondirent par une lettre, qui fut publié dans le Tribune du 24 Décembre, 1929: « La Révolution ne nécessite pas forcément de conflits sanguinaires. Ce n'est pas un culte de la bombe et du pistolet ! De simples moyens peuvent permettre de réels exploits. ...Une rébellion n' est pas une révolution. Mais elle peut finalement conduire à cette fin »  (Shiv Verma (ed), p 81). Bhagat Singh définit ainsi la révolution comme «le désir inné de changements vers toujours plus de justice et de solidarité » , souhaitant que             «l' esprit de la révolution soit toujours en mesure d' imprégner l'âme de l' humanité, afin que les forces réactionnaires ne puissent accumuler la puissance nécessaire à la poursuite de leur éternelle marche en avant. »
 Deux objectifs importaient à Bhagat Singh et ses camarades devant les tribunaux et en prison: (i) Pouvoir critiquer le colonialisme britannique à travers les tribunaux, en les utilisant comme des caisses de résonances pour diffuser leurs idées; (ii) Pouvoir exposer les brutalités du colonialisme en prison, par le recours à des grèves de la faim qui attireraient l'attention du peuple. Les autorités britanniques n' ignoraient pas ces plans, mais elles furent surprises par l' abnégation et la détermination de Bhagat Singh et de ses camarades dans le box des accusés.
 Bhagat Singh visait enfin sans cesse son propre développement idéologique. Il reste rare de voir un homme sur le point d'aller à la potence, se plonger profondément dans une étude sérieuse de l' histoire révolutionnaire du monde, et ce,  dans des circonstances toujours plus difficiles. Au cours de la préparation de ses interventions pour les audiences devant la cour, sa sérieuse étude du marxisme lui profita. Même durant les grèves de la faim organisées collectivement pendant des mois, même  lorsqu'il fut brutalement battu par la police et qu'il devait soigner ses blessures en prison, il étudia toujours, écrivit abondamment et pris sans relâche des notes à propos des livres qu'il lisait.

6. Les manuscrits écrits en prison . Les Cahiers de Prison. « The Jail Notebook ».

             Bhagat Singh  rédigea quatre manuscrits en prison : (i) « L' Idéal du Socialisme », (ii)« Autobiographie », (iii) « L' Histoire des Mouvements Révolutionnaires en Inde », et, (iv)« A la Porte de la Mort ». Selon Shiv Verma, ces manuscrits furent extraits clandestinement de prison par Kumari Lajjawati, de Jalandhar, qui les remit à Bejoy Kumar Sinha en 1938, après sa sortie de la prison Port Blair des îles Andaman. Sinha les confia lui-même à un ami pour qu' il les préserve/conserve précieusement, mais celui-ci détruisit finalement les manuscrits, craignant une descente de police. Le manuscrit de « Jail Notebook » fut  cependant recueilli par Kulbir Singh, ou un autre des membres de la famille de Bhagat Singh.
 Kumari Lajjawati, activiste du Congrès et secrétaire du comité de défense de Bhagat Singh, lui rendit très fréquemment visite à la prison de Lahore  pour discuter des aspects juridiques de l'affaire. Dans une interview au  Nehru Museum Memorial et à la Cellule d' histoire orale de sa bibliothèque, elle rappela qu' elle avait soumis les documents confiés par Bhagat Singh à Feroze Chand, l' éditeur du journal People, le journal créé par Lala Lajpat Rai à Lahore. Feroze Chand put sélectionner ce qu'il voulait pour publication dans People[27]. Il choisit certains articles et renvoya les autres à Kumari Lajjawati, qui les transmit finalement à Bejoy Kumar Sinha en 1938. Feroze Chand publia «Pourquoi je suis athée» dans le numéro du 27 septembre 1931 de People. Avant cela, dans son numéro du 29 Mars 1931, juste après l' exécution, People publia des extraits du désormais célèbre «Lettre aux jeunes travailleurs politiques ». Il semble que Feroze Chand ait également sélectionné, ce fut mentionné par Shiv Verma, «A la Porte de la Mort» et  d'autres documents, dont la « Lettre sur la Peine de Mort », confiée au jeune révolutionnaire Harikishan, qui furent également publiées par People.                           L' indifférence relative accordée aux documents, considérés comme si précieux, étonne aujourd'hui. Que ni Kumari Lajjawati, ni Feroze Chand, ni même Bejoy Kumar Sinha, qui reçut solennellement la garde des documents sur les instructions de Bhagat Singh lui-même, n'aient pris la peine de se pencher sérieusement sur ces documents reste troublant.
Néanmoins, l' essentiel de la pensée de Bhagat Singh peut ainsi être saisi sur la base de ces documents, si substantiels soient-ils. Il est difficile               d' imaginer que Bhagat Singh ait pu écrire quatre livres à part entière en aussi peu de temps (environ deux ans, du 8 Avril 1929 au 23 mars 1931), alors qu' il était également impliqué dans les grèves de la faim et les audiences au tribunal . Sur les quatre titres mentionnés, deux semblent être liés, à savoir son « Autobiographie » et «A la Porte de la Mort». Les deux autres titres, auraient constitués de courtes brochures, si elles avaient été conclues,
mais écrire une histoire exhaustive des mouvements révolutionnaires en Inde semble improbable, au vu des circonstances difficiles des deux dernières années de sa vie.
 Cependant, on a également retrouvé des notes manuscrites pour l'écriture d' un livre sur «La Théorie de l'État»[28], pour lequel il avait pris des notes très détaillées, retrouvées dans « Jail Notebook [29]». Dans ce livre, Bhagat Singh aurait voulu retracer l'évolution historique de l' Etat jusqu'à l' Etat socialiste moderne. S' il avait eu le temps d'écrire ce livre, c' eût peut-être été une importante contribution à l'analyse marxiste de l'Etat.
Le manuscrit qui survécût, et dont la première version publiée en 1994 fut éditée par l' énergique Bhupender Hooja, est un document important en soi. Ce n' est pas un carnet de notes comme les cahiers de prison de Gramsci ou des carnets philosophiques comme ceux de Lénine, ni même un journal comme les journaux de Che Guevara. Ce n' est d'ailleurs pas du tout un journal; ce sont des notes réellement singulières sur les livres lus par Bhagat Singh en prison, avant son exécution. En plus d'être importantes par les sélections qu' elles proposent, ces notes sont un indicateur objectif du développement des idées de Bhagat Singh. Elles sont aussi le reflet d' une extrême sensibilité esthétique, abordant des classiques littéraires du monde entier. Ces citations montrent que Bhagat Singh fut un révolutionnaire d' une rare sensibilité. Pendant ses études comme par la suite, son goût pour les films fut aussi mentionné par plusieurs de ses amis proches et camarades. Il adorait les films de Charlie Chaplin, mais aussi des films comme « La Case de l'Oncle Tom » ou « Les Trois Mousquetaires ». En plus d'être un bon chanteur, il appris le théâtre et les arts dramatiques au collège, ainsi que la littérature et d'autres formes d'art comme la poésie. Ce fut sans doute la raison pour laquelle le révolutionnaire vétéran, Ram Saran Dass lui demanda d'écrire une introduction à sa collection de poésie « Dreamland ».
Il est également intéressant de relever que bien avant que  le « Jail Notebook » n' aitttiré l'attention des chercheurs en Inde, il a été discuté en détail par l'indianiste soviétique, L.V. Mitrokhin dans son livre de 1981, « Lénine et L' Inde », dont la traduction en hindi a été publié en 1990. Dans ce livre, tout un chapitre est intitulé  « Les derniers jours de Bhagat Singh ». Dans ce livre, apparaissent des références à des études antérieures telles que         l' article de A.V. Raikov, intitulé «Bhagat Singh et son héritage idéologique ».  Mitrokhin  avait d'ailleurs inclus «Les Livres lus par Bhagat Singh », dans la publication de 1971 de  « Lénine et l'Inde ». Ces publications russes, furent les premières à tenter une évaluation objective du développement intellectuel de Bhagat Singh, placé dans la tradition de  pensée marxiste et de ses grilles de lecture.
 J' avais lu le manuscrit de Bhagat Singh « Jail Notebook» au Mémorial Nehru Museum and Library (NMML) en 1984, et ait rapidement commencé à écrire à ce sujet dans les journaux en hindi, regrettant qu'il reste encore inédit. Le NMML en avait obtenu une copie du frère cadet de Bhagat Singh, Kulbir Singh, à condition de «ne pas la publier ». C' est seulement fin 1992 que Bhupender Hooja, le rédacteur en chef du Indian Book Chronicle à Jaipur, en a commencé l'édition sous forme de chroniques dans son mensuel. Rassuré par nos recherches quant à son authenticité, il publia « Jail Notebook » avec des notes éditoriales sous forme de livre en 1994 à Jaipur. Malgré quelques bonnes critiques, et son importance comme document historique, le « Jail Notebook » n'a pas obtenu l'attention qu'il méritait. Ironiquement, les traductions du manuscrit parues en hindi et en d'autres langues ne donnèrent aucun crédit au minutieux travail d' annotations effectuées par Bhupender Hooja.
Espérons que sa nouvelle édition aiguise aujourd'hui de manière féconde l'attention des historiens, des étudiants révolutionnaires, des mouvements pour la liberté en Inde et des acteurs politiques. Ce document doit être lu en relation à d'autres documents importants de Bhagat Singh  comme «Pourquoi je suis athée»[30],  « Déclarations à la Cour »,« Lettre à de Jeunes travailleurs politiques », etc., qui ont acquis le statut de documents classiques du mouvement révolutionnaire Indien. En effet, dans le « Jail Notebook », les citations extraites de livres, autres que les classiques littéraires, sont un véritable guide pour le développement de la pensée politique démocratique, des classiques de la Grèce antique au meilleur des écrits marxistes.  Le « Jail Notebook », se conclut, le jour de sa mort, par une ultime note sur un livre de Lénine à moitié commencé. Le poète révolutionnaire Pendjabi Paash écrivit un hommage appuyé au Bhagat Singh des derniers instants,  appelant « les jeunes Indiens à reprendre le livre de Lénine là où celui-ci l'avait laissé, au dernier jour de sa vie ».

7. L' Arme politique de la Grève de la faim

                Les grèves de la faim menées par Bhagat Singh et ses camarades de prison furent longues et sans compromis, à l'image de celle entreprise par leur cher camarade Jatin Das, mort le 13 septembre 1929, le jour de son soixante-troisième jour de grève de la faim. L'alimentation forcée et le gavage au  lait endommagèrent les poumons de Jatin mais il refusa d'abandonner son jeûne malgré les appels de ses collègues,  déclarant qu'il voulait sciemment faire don de sa vie pour la liberté de l'Inde. Bhagat Singh et Dutt  poursuivirent leur grève de la faim après la mort de Jatin, la brisant seulement la première semaine d'Octobre 1929, après un jeûne de 115 jours. Bhagat Singh entreprit une autre série de grèves de la faim pendant les audiences sur l' assassinat de Saunders, où ils furent brutalement battus sur les ordres du juge britannique qui présidait la cour, provoquant l'ire du juge indien Agha Haider, qui se désolidarisa et fut renvoyé du tribunal.
Bhagat Singh et ses camarades ont utilisé la grève de la faim comme une arme politique redoutable. La force morale de la grève de la faim, l'abnégation qu 'elle implique, ont influé et agissent encore dans toutes les sociétés. La différence entre un kamikaze et un gréviste de la faim est que le kamikaze, tout en donnant sa vie pour la cause qui lui est chère, prend  la vie des autres  et  perd la sympathie des gens, alors qu' un gréviste de la faim ne nuit qu'à sa santé, et même en sacrifiant sa vie, ne pique que la conscience de la nation. Bhagat Singh et ses camarades en étaient conscients et ils l' utilisèrent le plus possible, pour ne pas être considérés que comme des tueurs ou des terroristes. Preuve de maturité politique[31], l' arme de la faim grève reste aujourd'hui très efficace, à condition que la personne qui l'observe, incarne et porte la force morale de la cause qu'elle défend.

8. Le Procès et l'exécution

       Bhagat Singh et ses camarades boycottèrent le procès de l'assassinat de Saunders. La façon dont le tribunal procéda à la condamnation à mort de Bhagat Singh, Rajguru et Sukhdev est soigneusement exposée dans le livre de A. G. Noorani « The Trial of Bhagat Singh ». Le procès comme la sentence des colons britanniques convergèrent pour exécuter les révolutionnaires Indiens. Bhagat Singh écrivit au gouverneur du Punjab, le 20 Mars 1931, trois jours avant leur exécution, pour qu'ils soient traités comme des prisonniers de guerre, car ils étaient selon lui en guerre contre l'impérialisme britannique et en tant que tel, « ils devaient être abattus plutôt que pendus ». Mais le pouvoir impérial britannique se révéla si lâche qu'il ne put même pas maintenir le calendrier normal de la pendaison, entre 6 et 7 heures du matin. Contre tous les normes internationales, ils pendirent Bhagat Singh, Rajguru et Sukhdev à 7 h  du soir le 23 mars 1931. Un  rassemblement considérable eut lieu ce jour-là à Lahore, organisé par le Naujawan Bharat Sabha, qui pensait que l' exécution aurait finalement lieu dans la matinée 24 Mars. Mais, par peur de la foule immense rassemblée à la prison centrale de Lahore, les autorités coloniales britanniques les exécutèrent à 7 h du soir le 23 Mars même. Mais le peuple de Lahore ne le sut pas tout de suite. Le rassemblement allait se terminer, lorsque la nouvelle des exécutions se répandit ; les gens se ruèrent furieusement vers les portes de la prison. Effrayés, les responsables britanniques brisèrent les corps des martyrs en morceaux, les emballèrent dans des sacs, et les emmenèrent à l'arrière des portes de la prison vers la rive du fleuve Sutlej près de Ferozepur. Les corps furent hâtivement brûlés dans du kérosène puis dispersés dans la jungle près du village de Ganda Singhwalla. Mais les gens de Ferozepur et de Lahore, angoissés et en colère, retrouvèrent le lieu de l'atroce crémation avant l'aube du 24 Mars, recueillirent les os à demi brûlé et les restes des condamnés, les ramenèrent à Lahore, où une crémation digne des trois martyrs  eut de nouveau lieu sur les berges de la rivière Ravi.
 Le Parti du Congrès au Pendjab forma un comité d'enquête pour déterminer précisément les mauvais traitements infligés aux corps morts/restes des martyrs. Certains journaux, en particulier Bhavishya à Allahabad, travaillèrent à alerter le comité des graves atteintes infligées aux condamnés, or le rapport ne parut finalement jamais dans le domaine public. Mais le Congrès publia ensuite un rapport sur les émeutes de Kanpur suivant l'exécution des martyrs qui attira l'attention nationale, et, alors qu' une réimpression en a récemment été publiée par le National Book Trust, il est étrange que personne n'ait jamais même fait référence au rapport d'enquête du Congrès sur le traitement des corps par les autorités coloniales britanniques. Les émeutes de Kanpur, qui commencèrent après l'exécution de Bhagat Singh et ses camarades, prirent malheureusement une couleur communaliste et coutèrent notamment la vie au leader du Congrès local, le journaliste nationaliste et admirateur de Bhagat Singh, Ganesh Shankar Vidyarthi.
Il en va de même en ce qui concerne l' érection d'un mémorial pour les martyrs. Le Naujawan Bharat Sabha avait formé un comité commémoratif pour construire un mémorial pour les martyrs, qui fut saboté par le Congrès. Lahore fut la plaque tournante du mouvement national et le lieu où Bhagat Singh et ses camarades se consacrèrent sans relâche à l'action politique; là qu'ils furent exécutés puis correctement incinérés, comme Lala Lajpat Rai. La logique aurait été de construire un mémorial commun à Lala Lajpat Rai, Bhagat Singh, Sukhdev et Rajguru à Lahore, sur les rives de la rivière Ravi, ce qui aurait représenté une source d'inspiration pour la jeunesse du Pendjab.
  On peut toujours se demander aujourd'hui pourquoi aucun mémorial n'a été construit pour ces martyrs depuis plus de soixante-quinze ans, à Lahore ou sur les lieux de naissance de Bhagat Singh et Sukhdev à Lyalpur, maintenant Faisalabad au Pakistan. Il serait souhaitable que les Pakistanais et les Indiens dressent conjointement un mémorial approprié à Lahore, ainsi qu'à Faisalabad, en mémoire de Bhagat Singh. Il est peut-être le seul symbole de la résistance contre le colonialisme et l'impérialisme qui soit également respecté par le peuple pakistanais. Bhagat Singh constitue un des rares dénominateur commun entre des Pendjabis désormais fragmentés et divisés, et peut servir de symbole pour la résistance au capitalisme et à                       l' impérialisme.

9. Symbole de transformation révolutionnaire

Voici encore quelques aspects intéressants de la saga de Bhagat Singh. On sait qu'il entretenait de bons rapport avec les dirigeants nationaux des partis  que ce soit Subhash Bose, Jawaharlal Nehru, Lala Lajpat Rai, Madan Mohan Malviya, ou les autres. Malgré les différences radicales de stratégie et d'approche, ils restèrent toujours en contact, sauf avec Gandhi. Subhash Bose et Nehru appréciaient Bhagat Singh, bien que les dirigeants du Congrès et la jeunesse révolutionnaire incarnée par Bhagat aient souvent travaillé à contre-courant, en raison de leur stratégies et tactiques radicalement différentes dans la lutte pour la liberté. Lorsque Lala Lajpat Rai s' allia avec les forces communalistes, Bhagat Singh et ses camarades le fustigèrent ouvertement mais pourtant, ils ne rompirent pas avec lui. Motilal Nehru, Madan Mohan Malviya et Dewan Lal  condamnèrent les bombes non-létales jetées par Bhagat Singh dans l' Assemblée Centrale avec des mots très durs. Gandhi déclara que  « c'était l' acte fou de deux jeunes ».
 Bhagat Singh décrivit Dewan Lal comme un «pseudo-socialiste» dans ses célèbres déclarations devant la cour. Malgré cela les dirigeants nationaux se tinrent au côté des jeunes révolutionnaires dans les tribunaux, ou quand ils observèrent des grèves de la faim; ils voulaient tout de même leur sauver la vie. L' esprit du nationalisme lia ensemble les dirigeants nationaux et les jeunes révolutionnaires. Ils se critiquèrent les uns les autres avec amertume et rudesse, mais se réunirent aux moments de tensions contre l'oppression britannique.
 Un autre engagement marquant de Bhagat Singh et du mouvement révolutionnaire résida dans leur totale et féroce opposition au système des castes
et au communalisme[32], contrairement à Gandhi notamment. Si les mouvements dalits d'aujourd'hui[33] acceptent un chef de file national, hormis Bhimrao Ambedkar, c' est bien Bhagat Singh. Les écrits de Bhagat Singh et sa conduite lui ont irrévocablement valu l'amour et le soutien des masses dalits et intouchables. En prison, avant d'aller à la potence, Bhagat Singh n'était pas seulement en train de lire Lénine, il demanda une dernière fois de la nourriture à Bogha, l' employée dalit de la prison, pour qui il avait beaucoup d'affection. Il traita également l' éboueuse de la prison comme sa mère. De même lorsque Bhagat Singh, Sukhdev et Rajguru allèrent à la potence en riant et en chantant, Charat Singh et les autres prisonniers, toutes castes confondues, pleurèrent tout en criant « lnquilab Zindabad ! » .

 Nous nous devons ici de noter qu' aucune des organisations communautaristes, qu' elles soient Hindoues, Musulmanes ou Sikhes n' a alors prononcé un mot, ni esquissé la moindre action pour la défense de ces révolutionnaires. Il faut bien souligner que seul les mouvements de la Gauche ont vraiment essayé de maintenir et de s' imprégner de l'esprit du mouvement révolutionnaire dans notre pays. La(es) Gauche(s)[34] constitue la seule véritable héritière de l'aile révolutionnaire en lutte pour la liberté, mais aussi pour l'émancipation.
L'institution coloniale britannique prit fin après tant de massacres. Les Britanniques négocièrent l'indépendance avec le Parti du Congrès, lui transférant le pouvoir politique, tout en protégeant leurs intérêts économiques[35]. Ils ne purent se permettre de garder Bhagat Singh vivant, car il avait promis de prendre part au renversement complet du système d' exploitation impérialiste et capitaliste. Avec un groupe de moins d'une centaine de personnes, il fit vaciller vigoureusement le plus puissant empire sur terre, concernant/impliquant des millions de personnes. Pattabhi Sitaramaya, l' historien du Congrès, a dû admettre que Bhagat Singh n' était pas moins populaire aujourd'hui que le Mahatma Gandhi. Ce qui n'est pas un mince exploit pour un homme de moins de 24 ans, après seulement six à sept ans d' engagement politique.
Après avoir prononcé la peine de mort, Jaidev Kapoor demanda à Bhagat Singh « s'il regrettait d'affronter la mort aussi jeune? ». Celui-ci, après avoir d'abord ri à la question, répondit sérieusement: « Avançant sur la voie de la Révolution, parvenir à répandre et à faire comprendre le slogan «Inquilab Zindabad !» dans tout le pays, même au risque de la mort, voilà la pleine valeur de ma vie. Aujourd'hui, assis derrière les barreaux en attente du peloton d'exécution, j'entends ce slogan repris par des millions de personnes, comme symbole des forces motrices de la lutte jusqu'à la liberté, qui         s' attaqueront sans relâche à l' impérialisme et à la domination capitaliste.  Ils peuvent me tuer, mais ils ne peuvent tuer ni mes idées, ni leur parfum ».

Chaman Lal, extraits d 'un article d' Economical and Political Weekly, All India, du 28/07/2007








Notable revolutionaries in the anti-colonial movement.



Name
Birth
Death
Activity
3 December 1889
11 August 1908
The Muzaffarpur killing
23 July 1906
27 February 1931
11 June 1897
19 December 1927
27/28 September 1907
23 March 1931
26 December 1899
31 July 1940
Shooting in Caxton Hall
23 March 1923
21 January 1943
Sabotage of Railway Track
22 October 1900
19 December 1927
25 December 1904
23 November 1984
7 February 1908
26 October 2000
4 November 1845
17 February 1883
Deccan Rebellion
1891
19 April 1910
Shooting of British Officer Jackson
1887
19 April 1910
Shooting of British Officer Jackson
13 June 1879
16 March 1945
Armed movement against the British
28 May 1883
26 February 1966
Father of Hindu Nationalism
7 December 1879
10 September 1915
The Howrah-Sibpur conspiracy case, Hindu–German Conspiracy
18 November 1910
20 July 1965
15 May 1907
23 March 1931
24 August 1908
23 March 1931
Murder of a British police officer, J. P. Saunders
22 January 1892
19 December 1927
Kakori conspiracy, Bamrauli Action
5 May 1911
23 September 1932
Pahartali European Club attack
27 October 1904
13 September 1929
Hunger strike and Lahore conspiracy case
7 October 1907
15 October 1999
Running the bomb factory 'Himalayan Toilets'
4 July 1904
28 May 1930
Philosophy of Bomb
18 September 1883
17 August 1909
Curzon Wyllie's assassination
1897
7 May 1924
1905
15 June 1943
Train sabotage Sarupathar
22 March 1894
12 January 1934
1 December 1903
25 January 1979
15 August 1872
5 December 1950
25 May 1886
21 January 1945
10 March 1872
22 August 1944
1895
1969
1907
14 May 1934
Assassination of Phanindra Nath Ghosh, a government Approver
1892
6 March 1962
1912
8 December 1930
6 December 1911
7 July 1931
11 September 1908
13 December 1930
1901
17 December 1927
5 January 1880
18 April 1959
10 December 1888
1908
The Muzaffarpur killing
16 April 1885
17 May 1965
1871
1951
23 March 1909
7 April 1989
Lahore conspiracy case
1881
27 January 1970
24 August 1911
26 December 1986
Attempted to Assassinate the Bengal Governor Stanley Jackson
1 December 1912
2 January 1943
19 November 1828
17 June 1858
For her Kingdom Jhansi Killing and insulting British official

En 1966, le Pendjab a été redécoupé pour permettre aux Sikhs d’accéder à la majorité démographique dans la province, conformément à la demande du principal parti régionaliste sikh, le Shiromani Akali Dal (SAD). Cette faveur fut accordée aux Sikhs en récompense au comportement héroïque de leurs soldats dans le conflit indo-pakistanais de 1965.


Du coté des peuples colonisés et dépendants, pour l’Inde, il y avait Nehru, pour l’Indonésie Mohammed Hatta. Pour le Machrek et la résistance syrienne, El Bakri aux cotés des délégués égyptiens et palestiniens. Pour l’Afrique subsaharienne, Lamine Senghor pour le Sénégal, aux côtés du Comité de Défense de la Race Nègre et du délégué des Syndicats d’ouvriers noirs d’Afrique du Sud. Le Maghreb,par les trois délégués de l’Etoile Nord Africaine : les Algériens Hadj Ali Abdelkader et Messali Hadj, et le Tunisien Chadly Khairallah. Pour l’Amérique du Sud, les Péruviens Victor Raul Haya de la Torre et Eudocio Ravines, de l’Alianza Popular Revolucionaria Americana (APRA). Les délégations les plus en vues, celles de Chine et d’Indochine regroupaient pour la Chine, la veuve de Sun Yat Sen, les représentants de l’Armée Rouge revenant des champs de bataille de Manchourie, ceux du Kuomintang et ceux du gouvernement cantonais ; pour l'Indochine, le Parti Constitutionnaliste Indochinois et son rival le Parti Révolutionnaire d’Indochine, après la scission intervenue au sein de l’Association Mutuelle Indochinoise, ainsi que le Parti Annamite de l’indépendance.



[1] Communalisme : Voir Immanuel Wallerstein, L'Inde existe-t-elle ?, dans Impenser la science sociale : Pour sortir du XIXe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 1995, p 151-156, sur les notions d' Hindustan et de Dravidia, et Valérie Fernando, Le communalisme politico-religieux en Inde, dans Dialogues, Propositions, Histoires pour une citoyenneté mondiale , DPH, 06-2008 : « Dès sa naissance, le 15 août 1947, l’Inde a dû gérer politiquement la diversité des groupes religieux présents sur son territoire, invariablement instrumentalisés par les partis politiques (l’appel au sentiment identitaire religieux y étant l’un des plus efficaces en terme de mobilisation politique). Issue du déchirement sanglant de l’Empire britannique et toujours en butte avec le conflit militaire interminable au Cachemire (région frontalière du Pakistan, majoritairement musulmane mais que les aléas de l’Histoire ont rattaché à l’Inde), l’Union indienne a officiellement fait le choix du sécularisme, contrairement à son frère du Pakistan, « pays des purs » créé au nom de l’Islam proclamé religion d’Etat. En vertu du sécularisme, l’Etat indien ne représente aucune religion particulière mais doit protéger et reconnaître à égalité toutes les religions. Cela ne signifie pas la neutralité puisque, à titre d’exemple, l’Etat peut financer des écoles religieuses et appliquer un droit privé (mariage et succession) différent en fonction de l’appartenance religieuse. Pourtant l’histoire de l’Inde indépendante est marquée par de nombreuses tensions impliquant les diverses communautés religieuses. Deux formes de violence « religieuse » ressurgissent à intervalles réguliers : les émeutes inter-communautaires, principalement entre hindous et musulmans, et les attentats, attribués généralement aux extrémistes de diverses obédiences.Le plus souvent, les émeutes ne sont pas spontanées mais orchestrées par des individus ou organisations extrémistes, instrumentalisant la religion à des fins électorales. Le point de départ est souvent une provocation : musulmans menant ostensiblement une vache, sacrée pour les hindous, à l’abattage, hindous perturbant la prière du vendredi. Au niveau local les émeutes peuvent aussi être la manifestation de conflits économiques, les musulmans étant très impliqués dans le petit commerce.Les événements les plus marquants des dernières années ont été les émeutes de 1992 ayant entraîné la mort de deux milles personnes. Elles ont fait suite à la destruction totale, par les organisations extrémistes hindous (RSS, Sangh Pariwar, Shiv Sena et Vishva Hindu Parishad) et avec le soutien du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du Peuple Indien), d’une ancienne mosquée dans la ville d’Ayodhya, supposément construite sur les ruines d’un temple s’élevant autrefois sur le lieu de naissance de Rama (héros de l’épopée mythologique du Ramayana). Puis en 2002, l’Etat du Gujarat, alors gouverné par l'actuel Premier ministre indien Narendra Modi, fut le théâtre de nouveaux massacres de musulmans par les extrêmistes hindous, faisant également plus de 2000 morts, et commis avec le soutien avéré des autorités du BJP, impunies jusqu’à présent. Ces événements sanglants, bien que perpétrés par les orthodoxes hindous, ont aussi montré à quel point la position du Gouvernement central, quelque soit le parti au pouvoir, est ambiguë et encourage par sa passivité de tels actes. » Voir aussi, G. Aloysius, Nationalism Without a Nation in India, Oxford University Press, Delhi, 1997, l'article The limits of nationalism, dans Sumit Sarkar, Writing Social History, Oxford University Press, Delhi, 1997 et Ranabir Samadar, Philosophies et actions en période de terreur, Groupe de recherche de Calcutta, revue NAQD, 2007/1 (N° 24)
[2] Voir Christophe Jaffrelot, Inde, la Révolution introuvable ? Des révolutionnaires en quête de légitimité au pays de Gandhi (1895-1935), et Républicains puis socialistes : la sécularisation des révolutionnaires encore violents malgré Gandhi (1915-1935), p 121 à 165, dans Passions révolutionnaires, Amérique latine, Moyen-Orient, Inde, Hamit Borzaslan, Gilles Bataillon, Christophe Jaffrelot, Cas de figure, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2011.Voir également Shiv Verma, Bhagat Singh : on the path of liberation, Chennai, Bharathi Puthakalaya. 2007 ; S. Irfan Habib, To make the deaf ear, Three Essays Collective, Gurgaon, 2007 et surtout Jose George, Manoj Kumar and Avinash Khandare (Eds.), Rethinking Radicalism in Indian Society : Bhagat Singh and Beyond, Rawat publications, Kolkatta, 2009, ainsi que l'article de Niraja Rao, Bhagat Singh and the Revolutionary Movement, pour les écrits de Bhagat Singh sur l'anarchisme et le marxisme, dans le journal Kirti en 1928. Voir aussi, Neeti Nair, Bhagat Singh as 'Satyagrahi': The Limits to Non­violence in Late Colonial India, Modern Asian Studies, Cambridge University Press, 2009, et Romain Bertrand, « Politiques du moment colonial :historicités indigènes et rapports vernaculaires au politique en ‘situation coloniale’ », Questions de recherche, Paris, Sciences Po/CERI, n°26, octobre 2008.
[3] B/Vande Mataram : L' expression "বন্দে মাতরম" B/Vande Mataram signifie « Bénie la mère patrie ! » ou « Victoire de la Mère »; l'original est un poème en six stances écrit en 1882 par Bankim Chattopadhyay, puis le poète Rabindranath Tagore le chanta comme un hymne, en 1896 dans un rassemblement du Parti du Congrès, avant qu'il ne devienne un emblème pour la lutte d'indépendance, comme hymne officieux et comme slogan anti-colonial, avant de devenir le nom d'un journal, puis après l'indépendance, une « chanson nationale », sans pour autant devenir l'hymne Indien ( Jana, Gana, Mana). Une des images les plus parlantes de l'iconographie de l'identité nationale indienne, l'équivalent de la Marianne française , est celle de Bharat Mata ou Mother India, symbole de l'union entre la nationalité et la divinité, souvent dépeinte sous les traits d'une femme mince, d'un calme ascétique drapée dans un sari ocre lui couvrant le visage. Elle ne fait pas partie du panthéon religieux des dieux et déesses hindous ; elle est une figure strictement nationaliste. Voir Maheshwari Malvika, Comment représenter la nation indienne ? . Le nationalisme ordinaire à travers l'art calendaireRaisons politiques 1/2010 (n° 37) , p. 53-64
[4] Bharat Mata Society : Mouvement révolutionnaire anti-britannique des Sikhs du Pendjab créé en 1907. Les Sikhs, auxquels appartiennent Bhagat Singh et sa famille, sont une des minorités ethniques et religieuses indiennes, mais sont majoritaires au Pendjab, dont la capitale fédérale était Lahore. Les fondements scripturaux de leur religion obligent à suivre une stricte orthopraxie fondée sur l’affichage de signes extérieurs d’appartenance au sikhisme, les « 5 K » ; Il s’agit, outre le port du turban, du kesh(poils faciaux et cheveux non taillés), du kanga(petit peigne porté sous le turban), du kara(bracelet), du kirpan(dague) et du kacha(caleçons courts). Voir Denis Matringe, Les Sikhs : histoire et tradition des « Lions du Panjab », Éditions Albin Michel, 2008 ; W. Owen Cole et Piara Singh Sambhi, A Popular dictionnary of Sikhism, Editions Curzon, 1997, et Khushwant Singh, The Illustrated History of the Sikhs, Oxford University Press, 2006,
[5] Voir Ganda Singh, ed., History of the Freedom Movement in the Panjab, vol. IV (Deportation of Lala Lajpat Rai and Sardar Ajit Singh) Patiala, 1978. Ajit Singh,l'oncle de Bhagat, parcourut le monde entier durant son exil, et noua de nombreux contacts révolutionnaires, notamment en Turquie, où il rencontra Mustapha Kemal, en Suisse, où il connut Trotsky, mais aussi en France, au Brésil et aux Etats-Unis. Il paraît nécessaire de souligner également la tenue en février 1927, du premier congrès de la Ligue contre l'Impérialisme et l’oppression coloniale, à Bruxelles, regroupant des révolutionnaires anti-colonialistes du monde entier. Le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles ou Union des peuples des Trois continents, se tint du 10 au 15 février 1927, initié par les communistes européens mais se voulant celui des peuples colonisés. De nombreuses organisations et personnalités européennes y participèrent. Le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles marquait l’émergence du « troisième » monde sur la scène internationale et la solidarité effective des peuples des Trois continents contre l’impérialisme occidental. « Pour la première fois dans l’histoire, écrivait le Tunisien Chadly Khairallah, plus de 150 délégués, représentant un milliard d’opprimés courbés sous le joug de l’impérialisme, se sont rencontrés avec les représentants de toutes les organisations d’avant-garde, d’Europe et d’Amérique, et avec tout ce qui reste encore d’hommes de pensée libérale pour les instruire de l’oppression qu’ils subissent, sous divers formes et suivant les pays, par l’odieux régime colonial des pays oppresseurs. Ils ont clamé à la face du monde entier leur douleur, ils ont expliqué leur martyre et affirmé leur volonté de lutte énergique, jusqu’à leur libération totale. Ils ont reçu l’assurance de leurs frères exploités d’Europe que, dans cette lutte, ils peuvent compter sur leur aide morale et matérielle sans aucune réserve Voir à ce sujet Vijay Prashad, Les nations obscures. Une histoire populaire du Tiers Monde, Montréal, Écosociété, 2009, et Benedict Anderson, Les Bannières de la Révolte, et L'imaginaire national. Réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme, Paris, La Découverte, 2009 et 2006.
[6] Jallianwala Bagh à Amritsar en 1919 : massacre par balles de manifestants non-violents et de pèlerins par les troupes britanniques du colonel Dyer, faisant 379 morts et 1 100 blessés au cours des cérémonies annuelles de Baisakhi, célébrations à la fois culturelles et religieuses pour les Pendjabis. Dyer sera relevé de ses fonctions. Voir Nicholas Lloyd, The Amritsar Massacre : The Untold Story of One Fateful Day, London, I. B. Tauris, 2011,
[7] Parti historique Sikh du Pendjab, centriste, actuellement appelé (Shiromani) Akali Dal. L' (S)AD a été fondé en 1920 dans le cadre d’un mouvement d’agitation destiné à redonner aux Sikhs le contrôle de leurs temples (les gurudwaras), passés entre les mains de prêtres hindous. Devenu le principal parti Sikh, c'est-à-dire s’affichant comme tel, à la différence du Congrès, pourtant dirigé par des Sikhs au Pendjab, l’Akali Dal s’est imposé comme le plus sérieux rival provincial du Congrès à la fin des années 1960. Il est depuis dominé par la caste des Jats. Voir notamment Harjinder Singh Dilgeer. Sikh History. Sikh University Press, Belgium, 2010-11. 10 volumes et Laurent Gayer, Les politiques internationales de l’identité. Significations internationales des mobilisations identitaires des Sikhs (Inde) et des Mohajirs (Pakistan), thèse de doctorat (science politique), Sciences Po Paris, 2004.
[8] Parti du Congrès : Fondé en 1885, le Congrès lutte pour l'indépendance du pays avec des figures comme Gandhi ou Nehru. Après l'indépendance, il domine la vie politique indienne jusque dans les années 1970 et reste dirigé, pour la majeure partie de son histoire, par la famille Nehru-Gandhi. Il  est situé au centre gauche du paysage politique indien. Voir M.M. Ahluwalia, Freedom Struggle in India, 1858-1909, Delhi, 2006 et surtout Sumit Sarkar, Modern India, 1885-1947, Macmillan, New Delhi, 1983, et Towards Freedom,1946, ICHR, Oxforf U.P., 2005, ainsi que Bipin Chandra  et al, India’s Struggle for Independence 1857-1947, Viking, New Delhi, 1988.
[9] Emeutes à Chauri Chaura, village d' Uttar Pradesh, le 5 février 1922: Violents affrontements pendant des manifestations anti-coloniales qui firent de nombreuses victimes, dont 3 civils et 22 policiers dans  l'incendie d'un poste de police. Le parti du Congrès suspendit sa participation au mouvement national de manifestations après cet événement. Voir Shahid Amin, Event, Metaphor, Memory : Chauri Chaura, 1922–1992. Berkeley, CA: University of California Press, 1995.
[10] HRA-Hindustan Republican Association, HSRA-Hindustan Republican Socialist Association, NBS- Naujawan Bharat Sabha- Youth Society of India,  partis anti-coloniaux, révolutionnaires et étudiants. Le HRA naquit d'une scission au niveau national au sein du Congrès. Après les émeutes de Chauri Chaura en 1922, et une réunion houleuse du parti à Gaya la même année, où les non-violents rejoignirent Gandhi, les révolutionnaires firent sécession derrière Ram Prasad Bismil, Sachindra Nath Sanyal, Jadugopal Mukherjee et Jogesh Chandra Chaterjee, et créèrent le HRA en 1924, avec des réseaux à travers l'Inde. Ils publièrent des projets de constitution ( les Yellow Papers en 1924), et un manifeste, The Revolutionnary, en 1925, contre l'exploitation et pour le fédéralisme socialiste et le suffrage universel.A partir de 1925, Bhagat Singh, Chandrasekhar Azad, Sukhdev Thapar, Bhagawati Charan Vohra, Ashfaqullah Kahn, Battukeshwar Dutt, l'écrivain Yashpal et d'autres compagnons rejoignirent le parti et multiplièrent les actions. Certains furent pendus en 1927 suite à l'attaque du train postal à Kakori, et après les émeutes contre la Commission Simon en 1928, groupe chargé de réviser la Constitution, et dont les membres étaient uniquement britanniques, le HRA s'allia à d'autres groupes révolutionnaires au Bengale et au Bihar notamment, pour faire émerger le HSRA, dont la finalité fut plus encore marxiste. Leur manifeste de 1928, écrit par Bhagawati Charan Vohra, s'intitule Philosophie de la bombe (Philosophy of the Bomb). Ils participèrent à toutes les actions d'envergure contre les britanniques (meurtre du vice-intendant Saunders en 1928, attaque du Parlement en 1929, attentat contre le vice-roi des Indes en 1929,...), mais le parti fut démantelé en 1931 entre les arrestations et les pendaisons, seules des factions régionales subsistant jusqu'en 1936.
La NBS, ou Youth Society of India, créée par Bhagat Singh, Sukhdev et Rajguru en 1926 , en parallèle au HRA, organisait des banquets mêlant toutes les castes et toutes les religions, mêlant ainsi aussi nourriture halal et jhatka ( voir Irfan Habib, op cit, p.43). Elle existe encore aujourd'hui ( voir leur site www.naubhas.in) et s'attache  toujours au combat contre les castes, les fondamentalismes religieux, le communalisme et surtout contre la récupération de ses idées par les milices extrémistes nationalistes du Sangh Pariwar, des RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh) et du BJP (Baratha Janata Party, Parti du Peuple Indien),parti religieux au pouvoir aujourd'hui.Voir Christophe Jaffrelot, Inde, la Révolution introuvable ? Des révolutionnaires en quête de légitimité au pays de Gandhi (1895-1935), p 121 à 165, dans Passions révolutionnaires,Amérique latine, Moyen-Orient, Inde, Hamit Borzaslan, Gilles Bataillon, Christophe Jaffrelot, Cas de figure, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2011, p 121-143, ainsi que Dilip Parameshwar Gaonkar,  Cultures of democracy, Duke University Press, 2007, et Ram Chandra, Naujawan Bharat Sabha and Hindustan Socialist Republican Association/Army (H.S.R.A.), Narration of the revolutionary activities in India, 1924-1947, 1986.
[11] Pratap, Matwala, Mislap, People : journaux et magazines critiques. Ganesh Shankar Vidyarthi, l' éditeur de Pratap, fut notamment le traducteur en hindi de Quatre-Vingt-Treize, de Victor Hugo. Feroze Chand, l'éditeur de People et Bande Mataram fit travailler de nombreux révolutionnaires dans ses journaux et fut souvent inquiété par la police. Voir le recueil collectif Anisur Rahman, Supriya Agarwal, Bhumika Sharma (Eds.), Discoursing minority, In-Text and Co-Text Author, Rawat Publications, Delhi, 2014, mais aussi Christopher Pinney, Photos of the Gods : The Printed Image and Political Struggle in India, Londres, Reaktion Books, 2004, et sur les résonances aujourd'hui l'excellent ouvrage de Farah Naqvi, Waves in the Hinterland: The Journey of a Newspaper, Zubaan Mela, Delhi, 2008.
[12] Ouvrage classique de la littérature anti-coloniale indienne. En contrepoint voir l'essor de la littérature impérialiste dans Antoinette Burton et Isabel Hofmeyr, Ten Books That Shaped the British Empire: Creating an Imperial Commons, Duke University Press, 2014, et le long processus d'hindouisation littéraire dans Akshaya Mukul, Gita Press and the Making of Hindu India, Harper Collins India, 2015.
[13] Le mouvement Sikh des Babbars Akali ( les Lions de l'Akali/Pendjab) émergea de 1920 à 1923 au Pendjab comme organisation clandestine radicale et anti-coloniale ; elle lutta contre le gouvernement britannique, mais aussi les prêtres inféodés et les agents infiltrés. Démantelée de 1924 à 1926, elle inspira notamment la création du NBS et du parti Kirti. Voir M.S. Leigh, The Punjab and the War, Government Printing Press,Lahore, 1922, p. 44 ; Gurcharan Singh, Babbar Akali Movement, A Historical Survey, Aman Publication, Zira, 1993, pp. 41-42, et  Nijjar Bakhsish Singh,  History of the Babbar Akali, ABS Publications, Jalandhar, 1987.
[14] Le parti Ghadar (Parti révolutionnaire) fut fondé en Californie en 1913 par des étudiants indiens en exil, puis se constitua notamment autour de Kartar Singh Sarabha, Lala Har Dayal, Sohan Bahkna, Abdul Hafiz Barakatullah, ou Rashbehari Bose. De retour en Inde en 1914, ils firent tout pour renverser l'Empire colonial britannique. Ils publièrent le célèbre journal Ghadar (Révolution) en plusieurs langues indiennes, montèrent des camps d'entraînement militaire et développèrent des ateliers de confection d'explosifs à travers le pays, oeuvrant à de nombreuses émeutes et actions révolutionnaires . Ils profitèrent de l'entrée en guerre britannique dans la Première Guerre Mondiale pour leur adresser une Décision de Déclaration de Guerre, le 5 août 1914, puis tentèrent de renverser le gouvernement colonial à partir de février 1915. Après les arrestations massives et le procès de 1915, le mouvement recula puis se joignit aux Babbars Akali du Pendjab et à d'autres organisations à travers l'Inde. Aux Etats-Unis, le parti perdura jusqu'en 1948, malgré la scission entre factions communiste et anti-communiste. On retient surtout du parti ses origines et ses composantes extrêmement diverses, de castes comme culturellement et confessionnellement. Voir Maia Ramnath, Haj to utopia, How the Ghadar movement Charted Global Radicalism and Attempted to Overthrow the British Empire, University of California Press, 2010 et Lala Har Dayal, Marx, a Modern Rishi, Modern Review, reproduit dans Paran Joshi, Marx comes to India, Delhi, Manohar, 1975.
Le parti Kirti (Travailleur), fut créé en 1926 au Pendjab par Santokh Singh, du Ghadar Party, et fut à la fois une branche du Parti des Travailleurs et Paysans (Workers and Peasants Party, WPP, créé en 1925 au sein du Congrès) et du Parti Communiste Indien ( Communist Party of India, CPI, également fondé en décembre 1925). Les communistes désertèrent le WWP, qu'ils accusaient d'être une création stalinienne au moment de la Troisième Internationale Communiste en juillet 1928. Le WWP fut décimé par les arrestations et les exécutions des syndicalistes paysans à partir de 1929, après la conférence révolutionnaire inter-partis de Meerut et les émeutes contestant les élections municipales de Bombay. Le CPI (Marxiste) existe toujours ( ainsi que ses scissions des CPI/Léninistes, Marxistes-Léninistes, Maoïstes, Marxistes-Periaristes, Révolutionnaires,…). Au Pendjab,le parti Kirti, publia un journal, Kirti (Le Travailleur), et un hebdomadaire Lal Nishan (Le Drapeau Rouge) qui eurent alors énormément d'impact. Outre ses engagements communistes, l'un de ses principaux combats fut notamment de remettre en cause le système des propriétaires terriens ( Zamindars) en agriculture, pour une redistribution collectiviste des terres. Nombre de ses membres entrèrent ensuite au HSRA. Voir John Callaghan, Blowing Up India: The Comintern and India 1928-35, in  Matthew Worley, In Search of Revolution: International Communist Parties in the Third Period. London, I.B. Tauris, 2004 ; Andrzej Walicki. The Controversy over Capitalism: Studies in the Social Philosophy of Russian Populists, Oxford University Press, 1969 ; ainsi que Subodh Roy (ed.). Communism in India - Unpublished Documents 1925-1934. Calcutta, National Book Agency, et O.P. Ralhan (ed.). Encyclopaedia of Political Parties - India - Pakistan - Bangladesh - National -Regional - Local. Vol. 23. Revolutionary Movements (1930-1946). Delhi, Anmol Publications, 2002. p. 689-691,Local. Vol. 14. Communist Party of India. Voir également  M.V.S. Koteswara Rao. Communist Parties and United Front - Experiences in Kerala and West Bengal. Hyderabad, Prajasakti Book House, 2003.
[15] Kartar Singh Sarabha, créateur du parti Ghadar (Parti révolutionnaire), né au Pendjab, quitta l'Inde pour Berkeley et la Californie à quinze ans. Il fut pendu en septembre 1915 avec 24 compagnons après la tentative de mutinerie et de révolution à Lahore. Il fut le plus célèbre condamné d'un procès devant un tribunal d'exception, en vertu du Defence of India Act, qui marqua l'imaginaire politique des Indiens dans leur ensemble, mais plus encore des Pendjabis. Voir S.N. Aggarwal, The Heroes of Cellular Jail, Abhishek Publications, Punjabi University, Patiala, 1985, et Chaman Lal, Gadar Party Naik:Kartar Singh Sarabha, NBT, New Delhi, 2007.
[16] Conspiration de Kanpur : au même moment que Bhagat Singh et les révolutionnaires au Pendjab et au Bengale, en mars 1929, les britanniques arrêtèrent de nombreux militants syndicalistes et politiques du Parti Communiste indien et du Workers and Peasants Party à travers toute l' Inde, et notamment à Bombay; leur procès inspira en 1932 à la troupe de théâtre de rue de Manchester, les Red Megaphones, une pièce intitulée Meerut. Voir à ce propos, Devendra Singh. Meerut Conspiracy Case and the Communist Movement in India, 1929-35, Research India, 1990.
[17] Bombe à Lahore pendant la fête de Dusherra : Bhagat Singh fut accusé de cet attentat anti-colonial en 1926, et détenu pendant cinq semaines avant de sortir contre caution. Voir Chaman Lal, The documents of Bhagat Singh and his associates, Rajkamal Prakashan, Delhi, 1987
[18] Commission Simon : groupe parlementaire britannique envoyé en 1928 par la couronne pour entreprendre une réforme constitutionnelle de l'Inde colonisée, sans un seul indien y participant. L'alternative pour l'Empire étant alors déjà de faire de l'Inde ou un « Dominion » ou une République . Suivront les trois Round Table Conferences qui se sont déroulées de 1930 à 1932, série de conférences inter-partis organisées par le Gouvernement britannique en vue de réformes constitutionnelles . Voir Claude Markovits, A History of Modern India 1480–1950, Anthem Press, South Asian Studies , 2004, et David Ludden, India and South Asia: a short history, Oneworld Press, 2002.
[19] Lathis : longues matraques encore utilisées de nos jours lors des répressions et charges policières.
[20] Attaque à la bombe et vol du train postal à Kakori : attaque, notamment par Chandra Sekhar Azad, d'un train postal transportant de l'argent d' Etat en août 1925. Un passager mourut dans l'attaque, et Kakori symbolisa les débats qui émergèrent alors au sein du HRA et dans tout le pays sur les nécessités des violences contre l'Etat, et de ses limites, pour les civils.Voir Rana Bhagwan Singh, Chandra Shekar Azad, an Immortal Revolutionnary for India, New Delhi, Diamond Books, 2004.
[21] Jatin Nath Das, compagnon de Bhagat Singh et éminent révolutionnaire indien mort d'une grève de la faim ; une foule immense l'accompagna en septembre 1929 pour son enterrement et le rapatriement de son corps de Lahore à Calcutta. Voir Bagha Jatin: The Revolutionary Legacy, Indus Source Books, Mumbai. 1989.
[22] Il s’agit de l’attentat d’Auguste Vaillant à la chambre des députés le 9 décembre 1893, en plein scandale de Panama. L’anarchiste y lança une bombe en pleine séance, cette dernière composée de clous et non de balles visait à blesser et non tuer. Il fut néanmoins guillotiné le 5 février 1894. Il déclara avant l’énoncé de son verdict : «Las de mener cette vie de souffrance et de lâcheté, j’ai porté cette bombe chez ceux qui sont les premiers responsables des souffrances sociales. L’explosion de ma bombe n’est pas seulement le cri de Vaillant le révolté, mais bien le cri d’une classe qui revendique ses droits et qui bientôt joindra les actes à la parole ! »,Voir Dictionnaire international des militants anarchistes, CIRA, Marseille.
[23] J. Nehru, A. Jinnah : figures principales et récurrentes du nationalisme bourgeois et autoritaire, hindou comme musulman. En 1947, Nehru devint premier Ministre de l' Inde, Jinnah du Pakistan.
[24] Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), Hindu Mahasabha, Sangh Pariwar, Shiv Shena : partis et milices ultra-nationalistes. Fondation du parti nationaliste hindou RSS en septembre 1925 après les violentes émeutes interconfessionnelles d'Aligarh, sous le nom d' « Association des volontaires nationalistes », en réaction à la mobilisation provoquée par le mouvement du Califat. Issu du Hindu Mahasabha, son objectif est de rassembler les Hindous pour qu’ils puissent faire face aux Musulmans. Le parti se dote d’une organisation paramilitaire et les cadres, formés comme prédicateurs, consacrent leur vie à la cause. Avec le Sangh Pariwar, la Shiv Sena et le Vishva Hindu Parishad,  ils constituent encore le bras armé du BJP, parti actuellement au puvoir.Voir Dr. Shamsul-Islam, Know the RSS: Based on Rashtriya Swayamsevak Sangh Documents,,Pharos Media & Publishing, 2015 et surtout l'excellent ouvrage de Kancha Ilaiah, Why I'm not a Hindu ? A Sudra Critique of Hindutva Philosophy, Culture and Political Economy, Bhatkal & Sen, 2007 et toujours de Kancha Ilaiah, Buffalo Nationalism - A Critique of Spiritual Fascism, Samya Publishers, 2004.
[25] Bibliographie de référence : Shiv Verma (ed), Selected Writings of Shaheed Bhagat Singh, National Book Center, New Delhi, 1986,
[26] Voir ici notamment Frantz Fanon, Les damnés de la Terre, Paris, 1961, Maspero : « Car, au premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds. » ; « Le colonialisme n’est pas une machine à penser, ni un corps doué de raison. Il est la violence à l’état de nature et ne peut s’incliner que devant une plus grande violence. » ; « Le colonialisme et l’impérialisme ne sont pas quitte avec nous quand ils ont retiré de nos territoires leurs drapeaux et leurs forces de police. Pendant des siècles les capitalistes se sont comportés dans le monde comme de véritables criminels de guerre. Les déportations, les massacres, le travail forcé, l’esclavagisme ont été les principaux moyens utilisés par le capitalisme pour augmenter ses richesses et établir sa puissance. Il y a peu de temps, le nazisme a transformé la totalité de l’Europe en véritable colonie. Les gouvernements des différentes nations européennes ont exigé des réparations et demandé la restitution en argent et en nature des richesses qui leur avaient été volées [...]La réparation morale de l’indépendance nationale ne nous aveugle pas, ne nous nourrit pas. La richesse des pays impérialistes est aussi notre richesse.[...] L’Europe est littéralement la création du tiers monde. »
[27] Sur le journal People et le rôle notamment de l'éditeur Feroze Chand dans la construction iconographique de soutien aux révolutionnaires, voir Kama MacLean, The Portrait's Journey: The Image, Social Communication and Martyr-Making in Colonial India, et the History of  Legend : Accounting for Popular Histories of Revolutionnary Nationalism in India, in Modern Asian Studies, 2012.
[28] Sur la Théorie révolutionnaire de l’État, voir l' article «The Problem of the Capitalist State», de Nicos Poulantzas dans la New Left Review, en 1969, critique de l'ouvrage The State in Capitalist Society, de Ralph Miliband. Bhagat Singh fut influencé tant par les textes révolutionnaires communistes qu 'anarchistes, et écrivit en 1928 sur l'anarchisme dans le journal Kirti, où il analysa les théories de Bakounine (1814-1876) notamment les théories de la liberté solidaire et universelle par l'anarchisme collectiviste, énoncées dans l'Appel aux Slaves, où résonne la priorité donnée à la révolution sociale sur la révolution politique. En 1869 il publie De la Coopération, en 1871, La Commune de Paris et la notion d’État et en 1873, L' Etat et l'Anarchie. Pour Bakounine « l'essence de toute religion est l'asservissement de l'humanité au profit de la divinité, la négation de l'humaine liberté qui aboutit nécessairement à un esclavage non seulement théorique mais aussi pratique car l'Histoire est sans limites, sans commencement et sans fin". L' Etat lui, est destructeur. Dans la société naturelle l' Etat créé par la religion, c'est l'esclavage ; et dans la théorie du contrat social, l' Etat satisfait "l'égoïsme collectif d'une association particulière et restreinte", en ennemi de l'Universel: la multiplicité des Etats détruit ainsi la solidarité universelle. Mais l' Etat détruit, également, la solidarité interne, car à la racine de l'esclavage salarié. L' Etat destructeur doit être détruit. La praxis révolutionnaire, fondée sur la dialectique de Hegel, permettra sa destruction et la transformation du monde, collectiviste dans sa finalité et retrouvant la solidarité universelle détruite par l'Etat. Le socialisme ne peut être étatique car le socialisme étatique c'est toujours l'esclavage de l' Etat: "Nous repoussons énergiquement tout ce qui ressemblera, de prés ou de loin, au Communisme et au Socialisme d' Etat".
[29] Voir notamment, Bhagat Singh, Jail Notebook and Other Writings, Edited and introduced by Chaman Lal, Leftword Books, 2007, voir aussi, sur les motifs de leur engagement, le manifeste limpide écrit en 1928 par les compagnons révolutionnaires de Bhagat Singh, Bhagawati Charan Vohra et Chandra Shekhar Azad, The Philosophy of the Bomb, republié en réponse à l'article de Gandhi, The Cult of the Bomb, qui « condamnait fermement les violences et remerciait Dieu » après un attentat manqué du HSRA contre le train du vice-roi des Indes, Irvin.  
[30] Voir en résonances la préface de Raihan Abir et l'excellent livre d'Avijit Roy et Raihan Abir, Philosophy of Disbelief (Obisshasher Dorshon), Mukto-Mona, Dacca, 2011, ainsi que l'article d'Avijit Roy "The Virus of Faith", Free Inquiry Magazine, May 2015.


[31] La montée du militantisme en Inde au début du XXe siècle fit craindre aux autorités coloniales la propagation de leurs «idées dangereuses» si les nationalistes étaient internés sur le continent. Les grèves de la faim des détenus politiques dans les prisons continentales et dans la prison de Port Blair aux Iles Andaman, furent une extension du mouvement de résistance contre le colonialisme. Au prix de nombreuses vies, les grèves de la faim maintinrent haut l’esprit de la lutte, dénonçant les traitements infligés aux prisonniers politiques comme la déshumanisation de les nourrir de force. Voir les ouvrages de U.K. Singh,, Political Prisoners in India, Oxford, Oxford U.P., 1998,  ainsi que Shiv Verma, Sansmritiyan (The memoirs), Lucknow, Martyrs Memorial and Freedom Struggle Research Center 1991, et S.Sen, Disciplining Punishment: Colonialism and Convict Society in India, Oxford, O.U.P., 2000. Voir aussi les articles de Pramod Kumar Srivastava dans Authority and resistance in the penal colonies, et notamment Resistance and repression in India: the hunger strike at the Andaman cellular Jail in 1933, Crime, Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies, Vol. 7, n°2 | 2003, p 81-102, Droz, ainsi que Durba, Gosh, Britain's global war on terrorism : containing political violence and insurgency in the interwar years, et How Empire Mattered: Imperial Structures and Globalization in the Era of British Imperialism, Berkeley. U.P., 2003 et 2007.
[32] Sur les combats contre les castes, le communalisme et le patriarcat, voir, entre autres, les combats de l'activiste Soni Sori et le mouvement Cast out Caste! , et Dorothy Figueira, Aryans, Jews, Brahmins: Theorizing Authority through Myth of Identity. Navayana, Delhi, 2014, ainsi que Gail Omvedt, Understanding Caste: From Buddha to Ambedkar and Beyond, Orient BlackSwan, Delhi, 2012 ; Rāmacandra Kshīrasāgara, Dalit Movement in India and its Leaders, 1857–1956, M.D. Publications Pvt. Ltd., 1994, et Aloysius Irudayam, Jayshree Mangubhai, Dalit Women Speak Out: Caste, Class and Gender Violence in India, Zubaan Mela, Delhi, 2007. Consulter aussi les sites http://www.roundtableindia.co.in/ http://www.socialsciencecollective.org/ http://www.siawi.org/ (Secularism is a Women's Issue).
[33] Le Dr Bhimrao Ambedkar (1891-1956), homme politique indien, fut le rédacteur de la constitution de l’Inde indépendante et le leader des Intouchables, qu’il a conduits sur le chemin de l’émancipation en prônant la conversion au bouddhisme. Lire le roman graphique Bhimayana. Histoire de vie de Bhimrao Ramji Ambedkar, MeMo, Nantes, 2012. Voir également Bhimrao Ambedkar, Annihilation of Caste: The Annotated Critical Edition, Navayana, Delhi, 2015, et What Congress and Gandhi have done to the untouchables, Thacker, 1946 , ainsi qu' Ambedkar Age Collective, Hatred in the belly: Politics behind the appropriation of Dr Ambedkar's writings, The Shared Mirror Publishing House, 2015 ; et les poèmes de Meena Kandasamy, Ms. Militancy, Navayana, Delhi, 2010. Lire aussi l'intéressant dossier Mobilisations en Inde, La modernité à l’épreuve de l’universalité, Mouvements des idées et des luttes, 2014/1 (n° 77).
[34] Sur les gauches indiennes, les combats des dalits et le courant des Subalternes, voir notamment Vivek Chibber, Postcolonial Theory and the Specter of Capital, Verso, London, 2013, Navayana, Delhi, 2014 ( à paraître aux Editions de l'Asymétrie); Vinayak Chaturvedi, Mapping Subaltern studies and the Postcolonial, Rawat Publications, Delhi, 2015 ; l'article « Decline of the Subaltern in Subaltern Studies », in Sumit Sarkar, Writing Social History, Oxford University Press, Delhi, 1997, Chap. 3, ainsi que Praful Bidwai, The Phoenix Moment : Challenges Confronting the Indian Left, Harper Collins India, 2015. Lire l'excellent texte de Paresh Chattopadhyay, The Marxian Concept of Capital and the Soviet Experience, Praeger Series in Political Economy, 2004, paraît aussi indispensable
Les « naxalites » sont des révolutionnaires indiens, de tendance maoïste, qui tirent leur nom du village de Naxalbari, au Bengale occidental, où une révolte paysanne éclata en 1967, donnant le coup d’envoi d’un mouvement insurrectionnel qui s’étendit rapidement à une grande partie de l’Inde et qui y demeure très active. Voir Jeremy Weinstein, Inside Rebellion, The Politics of Insurgency Violence,Cambridge University Press, Cambridge, 2007, et le débat autour de Charles E Cobb, This Nonviolent Stuff'll Get You Killed: How Guns Made the Civil Rights Movement, Basic Books, 2014 ; voir aussi l'article d'Arundhati Roy, Walking with the Comrades, in Outlook India, 29 Mars 2010, et Bidyut Chakrabarty and Rajat Kumar Kujur, Maoism in India: Reincarnation of Ultra-Left Wing Extremism in the Twenty-First Century, Routledge, Oxon, 2010,
[35]Sur les enjeux économiques de la décolonisation, du néocolonialisme , voir Bouda Etemad, La possession du monde. Poids et mesures de la colonisation (XVIIIe-XXe siècles), Paris, Éd. Complexe, 2000. B. Etemad, à l'aide de l'histoire militaire, estime froidement que, pour accéder au contrôle de 534 millions de «colonisés», « seulement » 300000 colons seraient morts pendant les guerres coloniales de 1750 à 1912, dont beaucoup en Inde et en Algérie. Voir Navtej, Singh, Starvation and Colonialism, National Book Organisation, New Delhi, 1996, et Tirthankar Roy, Traditional Industry in the Economy of Colonial India, Cambridge, 1999. Lire aussi le chapitre « Du charbon et des plantations », dans Kenneth Pomeranz, La force de l’empire. Révolution industrielle et écologie, ou pourquoi l’Angleterre a fait mieux que la Chine, Alfortville, éditions è®e, 2009, p. 7-32, et Romain Bertrand, L’Histoire à parts égales, Paris, Seuil, 2011.                                                                                                     Sur les implications épistémologiques et théoriques actuelles, voir Jairus Banaji, Theory As History: Essays on Modes of Production and Exploitation, Historical Materialism, mais surtout Kalyan Sanyal, Rethinking Capitalist Development: Primitive Accumulation, Governmentality and Post-Colonial Capitalism, Routledge, Delhi, 2013 et Avinash Kumar, Criminalisation of politics ; Caste, Land and the State, Rawat Publications, Delhi, 2015.