L'Héritage révolutionnaire
de Bhagat Singh.
CHAMAN LAL,
Economical and
political Weekly, 28/07/2007,
extraits.
La vie de Bhagat Singh ( 28
Septembre 1907-23 Mars 1931,), son oeuvre et sa pensée ont été marqués par une
lutte sans compromis contre le
colonialisme et l'impérialisme, ainsi que par une opposition radicale au
capitalisme, au communalisme[1] et au
système des castes. Cet article est un compte rendu enthousiaste de sa vie et
son activité révolutionnaire, de ses idéaux, ses opinions et son héritage.
Au moment (2007) où le pays se prépare à
commémorer le centième anniversaire de la naissance de Bhagat Singh, la
référence à son engagement et celui de ses camrades semble plus que jamais
indispensable aujourd'hui, peut-être plus qu'à tout autre moment de la vie de
l'Inde depuis 1947.
L'Inde et d'autres pays, sont aujourd'hui
toujours confrontés à des pressions qui menacent leurs indépendances dans la
conduite de leurs politiques étrangères, ainsi que dans l'élaboration de
politiques nationales en fonction des besoins de leurs peuples. En ces temps
difficiles, nous nous remémorons Bhagat Singh et Che Guevara, qui ont tous deux
lutté contre toutes les formes d' impérialisme et de colonialisme.
Alors que l'histoire de Che
Guevara est connue dans le monde entier, l'histoire de la lutte de Bhagat Singh[2] contre l'
impérialisme britannique se doit d'être racontée; car elle peut inspirer les
gens en lutte à travers le monde, comme la saga du Che a pu le faire.
Le 8 Avril 1929 Bhagat
Singh et BK Dutt lancèrent des bombes non-létales ( qui ne visaient pas à tuer)
en vue de «faire entendre les sourds» dans l'enceinte de l'Assemblée Centrale,
appelée Parlement aujourd'hui. A cette occasion, deux slogans interpellèrent
pour toujours l'imaginaire des Indiens « Inquilab Zindabad!» (Vive la
Révolution!) et «Down with Imperialism!»( A bas
l'Impérialisme!). En fait, ces deux slogans découlaient d'une volonté de
changer l'orientation des perspectives critiques dans le mouvement
révolutionnaire indien, et ils ont peu à peu remplacé l'ancien slogan populaire
des révolutionnaires «Bande Mataram»[3]. Ce ne fut
pas seulement un changement au niveau linguistique, du sanskrit à un mélange
d'hindustani et d'anglais, mais un signe de la propagation certaine d'une
réelle conscience critique dans le mouvement révolutionnaire du pays. Et l'un
des catalyseurs de ce changement ne fût nul autre que Bhagat Singh, qui à ce
moment là, grâce à son expérience du mouvement révolutionnaire et une étude méthodologique
du mouvement révolutionnaire dans le monde entier, en particulier de
l'expérience soviétique, avait atteint la conclusion qu'il ne suffit pas de
«libérer notre Mère Inde des chaînes de l'esclavage étranger », mais qu'il
apparaissait beaucoup plus important de comprendre l'ensemble des systèmes
d'asservissement et d' exploitation au sein d' autres nations, à savoir les
mécanismes et les leviers de l' impérialisme, puis de cerner l'aiguillon pour
le briser. Bhagat Singh avait entrepris cette étude dès l' âge de 14 ou 15 ans.
A aucun autre moment de la vie de l' Inde depuis 1947, la référence à ces deux
mots d'ordre de Bhagat Singh n'a paru si
précieuse qu'aujourd'hui, contre les assauts d'un impérialisme plus vicieux
encore que dans le passé.
1.Les premières influences
Bhagat Singh est né le 28
Septembre 1907, à Lyallpur Banga au Pendjab, maintenant située au Pakistan, une
heureuse coïncidence puisque c’est ce même jour qu’on appris les libérations des geôles britanniques
de son père Kishan Singh, et de deux de ses oncles, le révolutionnaire Ajit
Singh et le jeune Swarn Singh. Swarn, qui avait contracté la tuberculose en
prison, mourût peu après sa libération à l'âge de 24 ans. Son oncle
révolutionnaire Ajit Singh, le fondateur de la Bharat Mata Society[4],
ainsi que Lala Lajpat Rai[5], furent
forcés de quitter le pays en 1909, lorsque Bhagat Singh était âgé de deux ans,
pour ne revenir que lorsque l' Inde se trouva aux portes de l'indépendance et
de mourir le jour même de l' indépendance (le 15 Août 1947) à Dalhousie, en Himachal Pradesh.
À l'âge de 12 ans, Bhagat
Singh visita Jallianwala Bagh à Amritsar après le massacre d'innocents en Avril
1919 [6], et en
ramena chez lui du «sable imbibé de sang». À l'âge de 14 ans, en 1921, alors
qu'il étudiait à Lahore, il informa son grand-père des préparatifs réalisés par
les travailleurs des chemins de fer en vue d'une importante grève. Bhagat Singh
rejoignit le National College de Lahore à 15 ans. Auparavant, il avait
accueilli des travailleurs en lutte du parti Akali[7] dans son
village, après le massacre du 4 février 1921, quand Mahant Narain Dass, en
collaboration avec les autorités britanniques, avaient tué 140 Sikhs dévots au
Gurdwara Nankana Sahib.
Soucieux des penchants
révolutionnaires de plus en plus marqués chez Bhagat Singh, sa famille, et en
particulier son père, crurent pouvoir «l'assagir par le mariage »! Il
vivait déjà auprès de deux jeunes femmes, la veuve de son jeune oncle Swarn
Singh et Bibi Harnam Kaur, épouse de son
oncle révolutionnaire exilé, Ajit Singh. Si le mariage n'avait pu pas
«contrôler» Ajit Singh, comment aurait-il pu « l'assagir ? »
Bhagat Singh? Il était sensible aux souffrances de ses deux tantes, et était
particulièrement attaché à sa tante Harnam Kaur, épouse de Ajit Singh. Selon
l'un de ses proches camarades de classe, Jaidev Gupta, Bhagat Singh a été
confié à Harnam Kaur comme un «fils» , tandis que son mari Ajit Singh vivait en
exil pour un période indéterminée. Bhagat Singh, en tout cas, était comme le
fils politique d' Ajit Singh, avec qui il partageait un lien étroit malgré son absence.
Philosophiquement et poltiquement, Ajit Singh était plus avancé que la
direction du Parti du Congrès[8] au Pendjab,
notamment dans sa conception de la liberté pour l' Inde. Il était aussi
beaucoup plus révolutionnaire que la direction du Congrès, cherchant à éveiller
et à organiser la paysannerie à la base contre son exploitation économique par
les grands propriétaires féodaux et le système colonial. Bhagat Singh est allé
au-delà des réflexions aiguisées de son oncle et a adopté la vision marxiste de
la libération comme une fin nécessaire.
À l'âge de 15 ans , Bhagat
Singh interrogea son père sur le retrait du Mahatma Gandhi du mouvement de
Non-coopération après les Incidents Chauri Chaura[9]. En effet,
l'échec du mouvement de Non-coopération après Chauri Chaura en 1922 avait
durablement marqué les jeunes et les révolutionnaires de toute l' Inde. Chandra
Shekhar Azad, qui a été fouetté pour avoir crié « Mahatma Gandhi Ki
Jai ?» (« Qui est ce Gandhi? »), fit partie des jeunes,
très amers de ces évolutions, qui plus tard, au cours de leurs activités
révolutionnaires, ne pourraient plus jamais faire confiance à Gandhi. Ils
furent associés dans la lutte anticoloniale à CR Dass, Jawaharlal Nehru,
Subhash Chandra Bose, Lala Lajpat Rai et Madan Mohan Malviya, mais pas à
Gandhi, bien qu'une correspondance avec lui exista. Gandhi ne répondit à la
lettre de Sukhdev dans Young India, également intitulée « Who is this Gandhi ? »
(« Qui est ce Gandhi ? »), qu'après l'exécution de ce
dernier par les Britanniques. Pour être juste, Gandhi ne reçut la lettre,
écrite bien plus tôt, qu'après les exécutions de Sukhdev, Bhagat Singh et Raj
Guru. D'une certaine manière, le retrait du mouvement de Non-coopération en
1922 a redonné une impulsion au mouvement révolutionnaire dans tout le pays,
notamment dans des groupes déjà existants au Bengale comme Ahushilan et Yugantar,
ou l'Hindustan Republican Association (HRA)[10] dans les
Provinces Unies, etc.
Bhagat Singh atteint Kanpur
en 1923, après avoir informé par lettre son père, qu'il dédiait sa vie à la
nation et qu'il ne pouvait penser à se marier. Son professeur à la National
College, Jai Chander Vidyalankar avait écrit une lettre d'introduction de
Bhagat Singh à Ganesh Shankar Vidyarthi, rédacteur en chef du journal Pratap[11] à Kanpur
et président du Congrès dans les Provinces - Unies. Bhagat Singh n'a alors pas
seulement travaillé pour Pratap, il a également rejoint l'organisation
révolutionnaire clandestine, l' Hindustan Republican Association,
dirigée par Sachinder Nath Sanyal, l'auteur de « Bandi Jivan »[12]
(Une Vie de Captivité ) , qui avait préalablement été incarcéré
dans les îles Andamans. Bhagat Singh l'avait rencontré à Lahore. Il était aussi
à Kanpur lorsque Bhagat Singh rencontra Bejoy Kumar Sinha, Shiv Verma, Jaider
Kapoor, BK Dutt et Ajay Ghosh.
Sukhdev et Bhagwati Charn
Vohra étaient ses camarades à Lahore. Après avoir passé environ six mois à
écrire dans Pratap, sous le nom de plume de Balwant, assumant également
partiellement les fonctions de directeur dans une école nationale autour de
Aligarh, Bhagat Singh revînt à Lahore après la maladie de sa grand - mère afin
d' obtenir l' assurance que plus personne dans sa famille ne lui parle de
mariage.
À l'âge de 17 ans, Bhagat
Singh avait tant mûri intellectuellement, qu'il écrivit un essai imprimé en
Hindi sur la question de la langue du/au Pendjab. En 1924 et 1925, il écrivit
'Vishv Prem' ( « L' amour avec le monde ») et « Yuvak », qui ont été publiés dans
Matwala, tous deux sous le nom de Balwant Singh. Son article de 1926 sur
l'exécution des six Babbar Akali révolutionnaires[13] intitulé «ke
Holi din rakat ke Chinte » (« Pluies de sang pour Holi »)
a été publié sous la signature d'«un jeune Pendjabi ».
Dans «Pourquoi je suis un athée »,
écrit en 1930, Bhagat Singh évoque son cheminement vers l' athéisme à la fin de
1926, alors qu'il n'a pas encore 19 ans. Avec pour toile de fond, la
littérature marxiste de la Bibliothèque Dwarka Dass à Lahore, où Bhagat
Singh devint un vorace lecteur à partir
de 1924. Il ne s'est d'ailleurs pas contenté de devenir seulement un athée,
cherchant toujours des idées radicales pour la libération et l'émancipation
humaine. Il devint un marxiste engagé, notamment dans ses contacts avec le
groupe Kirti des révolutionnaires Ghadrites/Ghadars[14] du
Pendjab. Il publia régulièrement des articles dans le journal Kirti sur
diverses questions comme «le Communalisme et sa solution »,
« le Problème de l' Intouchabilité », « La religion et notre lutte de libération», etc.
S'il cultivait des
différences avec les Ghadrites/Ghadars révolutionnaires, elles ne reposaient
que sur l'élaboration même du programme du parti révolutionnaire.
Bhagat Singh et ses camarades étaient convaincus que pour réveiller
le pays de son sommeil, la jeunesse se devait d'opérer certaines
actions révolutionnaires, nationalistes et audacieuses, et de procéder à des
sacrifices pour faire avancer le mouvement anti-colonial.
2. Adoption de l' ordre du
jour socialiste
En 1928, Bhagat Singh, mais aussi
Sukhdev et Bhagwati Charan Vohra au Pendjab ainsi que Bejoy Kumar Sinha, Shiv
Verma et Jaidev Kapoor en Uttar Pradesh s'accordèrent sur la nécessité d'un
ordre du jour socialiste pour leur parti révolutionnaire. Ils appelèrent à une
réunion d'urgence du comité central de l' HRA les 8 et 9 Septembre 1928 au Ferozeshah Kotla à Delhi, où , après de
longues délibérations et à la suggestion de Bhagat Singh, soutenu par Sukhdev,
Bejoy Kumar Sinha, Shiv Verma et Jaidev Kapoor, le HRA a été rebaptisé Association
socialiste républicaine Hindustani (HSRA). L'ajout du mot socialiste
n'était pas seulement ornemental comme cela fut le cas pour/sous Indira Gandhi
pendant l'état d'urgence dans les années 1970, qui ne fit qu'ajouter le terme
socialiste au préambule de la Constitution indienne. Ce fut un changement
longuement réfléchi qui visait à transformer la finalité de la révolution
indienne, et qui reçut l'approbation de Chandra Shekhar Azad lui-même, qui bien
que peu instruit du projet, se reposait sur son entière confiance en Bhagat
Singh.
Avant la constitution du
HSRA en 1928, Bhagat Singh s'était déjà formé au travail d' organisation des
masses. Le Naujawan Bharat Sabha (NBS) avait été formé en 1926 sur le
schéma des organisations de jeunesse en Italie, inspirées par Mazzini et
Garibaldi. Bhagat Singh en fut le secrétaire général et Bhagwati Charan
Vohra le secrétaire à la propagande.
Entre autres activités, le NBS développa
des lieux de recueillement où les photos de patriotes décédés étaient
illuminées à la lanterne. Ils furent particulièrement touchés par le sacrifice
de Kartar Singh Sarabha[15], exécuté
au jeune âge de 19 ans en 1915 à Lahore et dont Bhagat Singh avait toujours une
photographie dans la poche. À toutes leurs réunions publiques ils décoraient
d'une guirlande la photo de Sarabha sur l'estrade. Au cours de cette période,
les Révolutionnaires Ghadrites de retour de Moscou et solidement formés à la
théorie communiste, avaient formé le groupe Kirti. Santokh Singh créa Kirti, un journal en pendjabi dans
lequel écrivit également Bhagat Singh. Par la suite Sohan Singh Josh en devint
le rédacteur en chef après le décès soudain de Santokh Singh.
Bhagat Singh travailla
pendant une longue période avec la rédaction de Kirti, et fut aussi en contact
avec Sohan Singh Jos en ce qui concernait les activités du NBS. Même avant la
formation du NBS à Lahore, Bhagat Singh eut des liens avec les premiers
communistes du pays à Kanpur, qui était alors une ville ouvrière. Il y
rencontra alors notamment des communistes tels que Satyabhakat, Radha Mohan
Gokulji et Shaukat Usmani.
Bhagat Singh fit concrètement parti du mouvement communiste
en Inde depuis sa création, ses activités ultérieures en attestant. Bien sûr,
il n'était pas formellement membre du parti communiste, qui n'en était
alors qu'à son émergence. Mais il avait rencontré Muzzafar Ahmad, l' un des
fondateurs du parti communiste, qui était venu à Lahore après sa sortie de
prison dans l'affaire de la conspiration de Kanpur en 1924[16]. Ainsi
Bhagat Singh n'eût aucune réserve à se joindre au parti communiste, au moment
même où il tentait avec ses proches camarades de développer leur propre
organisation révolutionnaire, le HSRA. Il leur apparut clairement que le HSRA
devait appuyer les masses, qu'elles soient constituées d' ouvriers, de paysans,
d' étudiants ou d' autres sections potentiellement révolutionnaires de la
société.
Compte tenu de la conscience politique encore
incertaine de l'Indien de la rue , quelques actions exemplaires et tranchantes
furent nécessaires pour réveiller les masses de leur sommeil et lancer un
soulèvement puissant contre le colonialisme britannique. Sohan Singh Josh avait
ainsi judicieusement articulé le fruit de ses quatre réunions avec Bhagat
Singh. Mais à la suite de la formation du HSRA en Septembre 1928, certains
développements politiques l'empêchèrent de se transformer en noyau véritable
d'un ensemble d'organisations de masse.
Cependant, en dehors du
NBS, des organisations de masse telles que le Lahore Students Union, Union Bal Students et Bal Bharat Sabha
s'étaient constituées. Il est intéressant de noter ici que le NBS avait
contribué à la formation du Bal Bharat Sabha, une organisation de jeunes
souvent âgés de 12 à 16 ans. Aucun historien ne semble encore avoir prêté
attention à cet aspect intéressant de la lutte pour la liberté. Le président du
Bal Bharat Sabha à Amritsar, Kahan Chand, âgé lui de seulement 11 ans,
fut soumis à trois mois d'un rigoureux emprisonnement. Et Yash, âgé de
seulement 10 ans, qui allait devenir plus tard l' éditeur renommé du quotidien
en ourdou Milap, fut secrétaire du Bal Bharat Sabha. Il fut
poursuivi pour trois chefs d' accusation, dont notamment son soutien au parti
du Congrès de la ville de Lahore
et au NBS. 1192 mineurs de moins de 15 ans furent ainsi condamnés pour leurs
activités politiques. Outre le Bal Bharat Sabha, l' Union Bal
Students joua alors également un grand rôle dans l'agiation anti-coloniale.
À l'époque, Bhagat Singh incitait les jeunes Pendjabis à se joindre à ces
organisations, et même les dirigeants du Congrès de Lahore furent marqués par sa personnalité magnétique. Le
petit-fils de Lala Lajpat Rai, Baldev Raj, était le secrétaire de l' Union
Bal Students, et Dyanat Rai son président. La ferveur anti-coloniale
générée par Bhagat Singh et ses camarades ne cessait de s'accroître.
3. Pris par la Répression
Coloniale
Alarmée par son impact et son
influence sur les
jeunes, la police de Lahore arrêta Bhagat Singh en mai 1927, sous le
prétexte
de son implication dans l'affaire de la bombe Dussehra[17], en
octobre 1926. Il fut maintenu en prison pendant environ six semaines. C'est
durant cette période que Bhagat Singh élabora des projets de manifestations de
masse au Pendjab, mais avant que ces
activités ne trouvent une dynamique et un momentum, la Commission Simon[18] se déplaça
en Inde. En dépit de ses divergences avec Lala Lajpat Rai, notamment en raison
de son association avec des éléments communalistes, il lui fut demandé
d'organiser la manifestation coordonnée par le NBS contre la Commission Simon
le 30 octobre 1928. Bhagat Singh ne fut lui-même pas présent à cette
manifestation, mais les militants du NBS fournissaient une protection/escorte à
Lalaji ( Lala Lajpat Rai), lorsqu' un affrontement avec les policiers
britanniques eut lieu. Le surintendant de la police (SP) de la ville de Lahore,
Scott, ordonna une charge de lathis[19] et son
adjoint, Saunders se déchaîna personnellement sur Lalaji, le rouant de coups et
entraînant sa mort quelques jours plus tard, le 17 novembre 1928.
En réponse, Basanti Devi,
la veuve de C.R. Das , exhorta la jeunesse de tout le pays à venger
l'insulte faite à la nation par l'assassinat de Lalaji. Bhagat Singh ne pouvait
pas manquer pareille occasion; le HSRA
décida de faire disparaître Scott, qui était le commanditaire de la mort
de Lalaji. Bhagat Singh et Rajguru furent choisis pour assassiner le Super
Intendant Scott, Jai Gopal pour l'identifier et Chandra Shekhar Azad pour
fournir une couverture à l' équipe entière. Bhagat Singh était censé ouvrir le
feu le premier, mais le jour venu, au signal donné par Jai Gopal ayant
identifié l'officier britannique, Rajguru tira immédiatement sur lui, tandis
que Bhagat Singh essaya d' interpeler Azad en lui disant : "Panditji,
Ce n' est pas Scott mais S..." (« Proceedings of Lahore Conspiracy
Case » dans les Notes de Sukhdev). Mais avant qu'il ne puisse
finir sa phrase, ce fut bien l'adjoint Saunders qui était abattu par Rajguru,
toujours désireux de s'illustrer et de se couvrir d'honneur. Bhagat Singh n'eut
d' autres options que de vider encore trois ou quatre autres balles dans le
corps de Saunders pour veiller à ce qu'il ne survive pas.
Des affiches parurent
spontanément dans Lahore le lendemain matin, célébrant les révolutionnaires
ayant commis l'assassinat de Saunders, qui était physiquement responsable de la
mort de Lalaji, et constituait comme Scott un symbole du pouvoir colonial. Cet
acte scella le sort de Bhagat Singh, qui comprenait bien qu'il allait être
exécuté après son arrestation et le procès. Il décida alors d'effectuer le plus
grand nombre possible d'actes révolutionnaires, dans le court laps de vie qu'il
lui restait.
De nombreux camarades du
HSRA devinrent clandestins après leur implication dans l'affaire de l'attentat
ferroviaire à Kakori[20], en
particulier Chandra Shekhar Azad. Après l'assassinat de Saunders, Bhagat Singh,
Rajguru, Sukhdev et d' autres durent également entrer en clandestinité. Bhagat
Singh s' échappa à Calcutta avec Durga Bhabhi où il fut en contact avec
certains révolutionnaires bengalis, parmi lesquels Jatinder Nath qui accepta
d'aller à Lahore pour former d' autres camarades aux techniques de fabrication
d'explosifs.
À ce stade, l'HSRA en était
arrivé à une conclusion: après avoir adopté une perspective socialiste de
libération indienne, ils voulaient maintenant se concentrer plus encore sur l'
organisation des travailleurs, des paysans, des étudiants et des jeunes, mais
l'assassinat de Saunders et certaines affaires antérieures ne leur permettait
pas de travailler ouvertement. Ils ne pouvaient pas non plus prendre comme
couverture le parti du Congrès pour le travail politique ouvert, tant ils avaient
de différences fondamentales avec ce parti.
Dans une telle situation,
la seule option, pour lui–même comme pour le HSRA, était d'éveiller les gens à
l' engagement révolutionnaire, mais avec un minimum de morts/pertes, puis de
sacrifier leurs propres vies de telle manière que tout le pays prenne
réellement conscience de leurs objectifs et leurs idées. Bhagat Singh voulut
également supprimer/se défaire de l'adjectif « terroriste », appliqué
tant à l'organisation, qu'à ses membres. Pour cela, il voulait utiliser des
plates-formes, d'où leurs voix pourraient atteindre des millions de personnes.
Bhagat Singh comprenait bien qu'en sacrifiant leur vie à la fleur de leur
jeunesse, ils se devaient de pouvoir inspirer en retour un grand nombre de
leurs compatriotes et camarades. Par la revendication de l'assassinat de
Saunders en plein jour, le HSRA défendait aussi très sérieusement cette
position. Bhagat Singh, lors de ses interrogatoires, confirma évidemment n'agir
sans rancune personnelle ou malveillance orientée.
4. « Faire entendre
les sourds »
Jatin Das[21] vint à
Lahore et les bombes furent fabriquées dans des maisons louées. Constatant
l'accueil enthousiaste de l' assassinat de Saunders par la population, Bhagat
Singh voulait entreprendre une autre initiative tout aussi spectaculaire. Le
gouvernement colonial britannique était alors résolument décidé à légiférer et
entériner le projet de loi sur la sécurité publique et les projets de loi commerciaux,
en dépit d' une forte opposition des masses et des membres de l'Assemblée
Centrale. Bhagat Singh et ses camarades décidèrent de jeter des bombes
inoffensives destinées uniquement à causer un grand bruit dans l'Assemblée
Centrale.
La
question fut discutée au comité central du HSRA en l'absence de Sukhdev. La
proposition de Bhagat Singh de remplacer ce dernier ? pour l'action fut
rejetée, sachant qu'il aurait déjà à subir les conséquences de l' assassinat de
Saunders, le parti ne voulant pas perdre un leader de sa stature à un moment
aussi crucial. Lorsque Sukhdev apprit la décision, et malgré son étroite amitié
pour Bhagat Singh, il lui reprocha, contrarié, d' « essayer de sauver sa
peau», alors qu'il savait pertinemment que personne d'autre ne pouvait mieux
défendre la cause du parti que lui. Le comité central se réunit à nouveau et
Bhagat Singh insista pour faire partie de l'équipe et se faire arrêter après
l'opération. Le comité aurait préféré qu'ils s'échappent après l'intervention
mais accepta à contrecoeur les modalités proposées de Bhagat Singh.
L'entreprise fut inspirée par la geste
similaire d'un révolutionnaire au Parlement français[22] afin d'
attirer l'attention sur la pauvreté du peuple au son du bon-mot devenu célèbre,
« Il y a besoin d' une explosion pour faire entendre les sourds ».
C'était également la première phrase de brochures qu'éparpillèrent Bhagat Singh
et BK Dutt à travers l'Assemblée Centrale après avoir jeté les deux bombes
inoffensives sur des bancs vides du Parlement. Mais l'explosion créa une grande
confusion/panique dans l' Assemblée et seuls quelques membres comme Pandit
Motilal Nehru, Madan Mohan Malviya et Jinnah[23] réussirent
à garder leur calme en restant debout sur leurs sièges. Les
autres, y compris le secrétaire de l'Assemblée/le
ministre de l'intérieur, coururent pêle-mêle,
quelques-uns se cachant même sous les bancs. Et voici
l'origine des deux slogans historiques « Inquilab Zindabad !»
(Long Live Revolution!) et « Samrajyavad Ka Nash Ho! » (A bas
l'Impérialisme !); au fil du temps, ces slogans, et particulièrement «Inquilab
Zindabad!» fut repris par nombres de groupes révolutionnaires, mais aussi par la plupart de toutes les autres
organisations, y compris le Congrès. Bien entendu, la Rashtriya Swayamsevak
Sangh (RSS), le Hindu Mahasabha[24] et autres
organisations communalistes et ultra-nationalistes n'eurent jamais quoi que ce
soit à voir avec ce slogan.
En fait,
«Inquilab Zindabad!» est une traduction de « Long Live Revolution! »,
un slogan internationaliste de la classe ouvrière. Il fut précédemment traduit
en hindi par «Kranti Chirjivi Ho», mais il n'eut pas la même emprise sur
l'imaginaire du peuple. «Inquilab Zindabad!» s'est non seulement inscrit dans
l'imaginaire des peuples de langue hindi, mais fut ensuite repris à travers
toute l'Inde d' Agartala à Chennai, et de Srinagar à Mumbai. Il devint
extrêmement populaire dans le sous-continent Indien et dans certains pays
alentours. Bhagat Singh se réjouît à juste titre «d'avoir, au cours de sa
courte vie, popularisé ce slogan auprès de centaines de millions d'
Indiens ». «Inquilab Zindabad!», remplaça finalement le «Bande Mataram»,
qui fut le slogan le plus populaire du mouvement nationaliste et anti-colonial
de 1905 à ce fameux 8 Avril 1929. 5. Dan
5.
Devant la Cour et en Prison.es
L' explosion à l'Assemblée avait été
très méticuleusement planifiée. Des photographies de Bhagat Singh et Dutt avait
été prises avant l'action, des copies de la déclaration publiée à l'occasion furent
imprimées en abondance et la presse les obtint
le jour même, le 8 Avril 1929. Les agents de police britanniques eurent
peur de les arrêter alors que deux d'entre eux étaient munis de pistolets, mais
tout en criant les slogans, ils déposèrent leurs pistolets sur une table,
indiquant ainsi à la police qu'ils étaient prêts à être arrêtés. Les officiers
de police ne les arrêtèrent effectivement que lorsqu'ils eurent mis leurs armes
de côté, alors qu'entre-temps, Jaidev Kapoor avait réussi à quitter la salle de
l' Assemblée.
L'
objectif immédiat du groupe révolutionnaire avait été atteint et la tâche
suivante consistait maintenant à
diffuser le message de la révolution parmi leurs compatriotes. Bhagat Singh
avait à nouveau un plan clairement échafaudé. Ils ne se défendraient pas devant
les tribunaux britanniques, mais les utiliseraient plutôt comme des
plates-formes pour diffuser leur message en y faisant des déclarations
politiques. Ils ne prirent pas de défenseurs, mais acceptèrent tout de même les conseils d' avocats. L' avocat
nationaliste Asaf Ali les assista, et ce fut lui qui lut le 6 juin 1929, la
déclaration historique de Bhagat Singh et BK Dutt durant les audiences devant
la cour où ils étaient jugés dans l'affaire des bombes au Parlement de Delhi.
Cette
déclaration est un document politique
qui explique les objectifs et les objectifs du mouvement révolutionnaire en
termes lucides (Shiv Verma (ed), Selected Writings of Shaheed Bhagat Singh,
National Book Center, New Delhi, 1986, p 71[25]):
« Nous prétendons humblement n' être rien d'autre que des bons
connaisseurs de l'histoire et de la condition de notre pays et de ses aspirations.
Nous méprisons l' hypocrisie. Notre pratique et nos protestations sont depuis
toujours inscrites contre l' Institution Coloniale, qui, depuis son émergence,
a constamment révélé non seulement son inutilité, mais aussi son implacable
penchant pour l' injustice. Plus nous y avons réfléchi, et plus profondément
nous avons été convaincus qu' elle existe précisément pour démontrer au monde
entier l' humiliation de l' Inde et son impuissance, symbolisant la domination
castratrice d'un régime autocratique mondialement irrésistible[26]. (...) Des
résolutions solennelles passées devant l' Assemblée Centrale ont été
dédaigneusement vilipendées et abrogées par le soi-disant Parlement Indien.
Bhagat
Singh et Dutt clarifièrent leur but: «Nous sommes décidés à supporter notre
peine et assumer nos actes, en faisant entendre aux exploiteurs impérialistes
qu' ils ne peuvent tuer nos idées par l' écrasement des individus. Même en
écrasant deux éléments insignifiants, vous ne pourrez détruire la volonté d'une
nation. » (ibid, p 73). Et ils
provoquèrent la puissance coloniale en l'interrogeant : « Est-ce des
ordonnances et des projets de loi sécuritaires que peuvent émerger les flammes
de la liberté en Inde? En multipliant
les cas de conspirations forgés de toutes pièces, vous procédez à
l'incarcération de ces jeunes hommes, qui chérissent tous un grand idéal, ne
voulant pas qu'ils participent à la marche de la révolution. Mais un
avertissement en temps opportun, s'il n'est pas ignoré, peut aider à prévenir
la perte de nombreuses vies et les souffrances communes. Nous avons tout tenté pour fournir cet avertissement et
notre devoir est maintenant fait »(ibid, pp 73-74).
Bhagat
Singh et Dutt expliquèrent dans leur déclaration comment ils avaient
volontairement jeté les bombes inoffensives dans des espaces vides où les
sièges étaient vacants, afin de ne nuire à personne, les seuls dommages ayant
été causés aux bancs vides ainsi que de légères brûlures et abrasions pour
moins d'une demi-douzaine de personnes. Et comme ils furent invités par la cour
à expliciter ce qu'ils entendaient par
le terme de révolution, Bhagat Singh
développa alors le concept de révolution (presque) dans la terminologie
marxiste. Il critiqua l'essor du capitalisme industriel et impérial et
s'inscrivit pour la mise en place de la dictature du prolétariat, comme
réalisation effective de l' idéal de la révolution. Et pourtant, il rappela
aussi à la puissance coloniale britannique la formule marxiste qui reconnaît «
la transition pacifique possible si les avertissements en temps opportun sont
pris en compte par la puissance qui domine » . Il conclut à nouveau sa
déclaration avec le slogan « Long Live Revolution! ».
En fait,
le concept de révolution irradiait tant Bhagat Singh que toute son attention et
son énergie se focalisaient à clarifier pour lui-même, et pour ses camarades et
compatriotes, les mécanismes de la puissance impérialiste. Lorsque Ramanand
Chatterjee, rédacteur en chef de la Modern Review ridiculisa le slogan
« Long Live Revolution! », Bhagat Singh et Dutt lui répondirent par
une lettre, qui fut publié dans le Tribune du 24 Décembre, 1929: « La
Révolution ne nécessite pas forcément de conflits sanguinaires. Ce n'est
pas un culte de la bombe et du pistolet ! De simples moyens
peuvent permettre de réels exploits. ...Une rébellion n' est pas une révolution.
Mais elle peut finalement conduire à cette fin » (Shiv Verma
(ed), p 81). Bhagat Singh définit ainsi la révolution comme «le désir inné de
changements vers toujours plus de justice et de solidarité » , souhaitant
que «l' esprit de la révolution
soit toujours en mesure d' imprégner l'âme de l' humanité, afin que les
forces réactionnaires ne puissent accumuler la puissance nécessaire à la
poursuite de leur éternelle marche en avant. »
Deux objectifs importaient à Bhagat Singh et
ses camarades devant les tribunaux et en prison: (i) Pouvoir critiquer le
colonialisme britannique à travers les tribunaux, en les utilisant comme des
caisses de résonances pour diffuser leurs idées; (ii) Pouvoir exposer les
brutalités du colonialisme en prison, par le recours à des grèves de la faim
qui attireraient l'attention du peuple. Les autorités britanniques n'
ignoraient pas ces plans, mais elles furent surprises par l' abnégation et la
détermination de Bhagat Singh et de ses camarades dans le box des accusés.
Bhagat Singh visait enfin sans cesse son
propre développement idéologique. Il reste rare de voir un homme sur le point
d'aller à la potence, se plonger profondément dans une étude sérieuse de l'
histoire révolutionnaire du monde, et ce,
dans des circonstances toujours plus difficiles. Au cours de la
préparation de ses interventions pour les audiences devant la cour, sa sérieuse
étude du marxisme lui profita. Même durant les grèves de la faim organisées
collectivement pendant des mois, même
lorsqu'il fut brutalement battu par la police et qu'il devait soigner
ses blessures en prison, il étudia toujours, écrivit abondamment et pris sans
relâche des notes à propos des livres qu'il lisait.
6. Les manuscrits écrits en
prison . Les Cahiers de Prison. « The Jail Notebook ».
Bhagat Singh rédigea quatre manuscrits en prison :
(i) « L' Idéal du Socialisme », (ii)« Autobiographie »,
(iii) « L' Histoire des Mouvements Révolutionnaires en Inde », et, (iv)«
A la Porte de la Mort ». Selon Shiv Verma, ces manuscrits furent extraits
clandestinement de prison par Kumari Lajjawati, de Jalandhar, qui les remit à
Bejoy Kumar Sinha en 1938, après sa sortie de la prison Port Blair des îles
Andaman. Sinha les confia lui-même à un ami pour qu' il les préserve/conserve
précieusement, mais celui-ci détruisit finalement les manuscrits, craignant une
descente de police. Le manuscrit de « Jail Notebook » fut cependant recueilli par Kulbir Singh, ou un
autre des membres de la famille de Bhagat Singh.
Kumari Lajjawati, activiste du Congrès et
secrétaire du comité de défense de Bhagat Singh, lui rendit très fréquemment
visite à la prison de Lahore pour
discuter des aspects juridiques de l'affaire. Dans une interview au Nehru Museum Memorial et à la Cellule d'
histoire orale de sa bibliothèque, elle rappela qu' elle avait soumis les
documents confiés par Bhagat Singh à Feroze Chand, l' éditeur du journal
People, le journal créé par Lala Lajpat Rai à Lahore. Feroze Chand put
sélectionner ce qu'il voulait pour publication dans People[27]. Il choisit certains articles et renvoya les
autres à Kumari Lajjawati, qui les transmit finalement à Bejoy Kumar Sinha en
1938. Feroze Chand publia «Pourquoi je suis athée» dans le numéro du 27
septembre 1931 de People. Avant cela, dans son numéro du 29 Mars 1931, juste
après l' exécution, People publia des extraits du désormais célèbre «Lettre
aux jeunes travailleurs politiques ». Il semble que Feroze Chand ait
également sélectionné, ce fut mentionné par Shiv Verma, «A la Porte de la
Mort» et d'autres documents, dont la
« Lettre sur la Peine de Mort », confiée au jeune
révolutionnaire Harikishan, qui furent également publiées par People. L' indifférence
relative accordée aux documents, considérés comme si précieux, étonne
aujourd'hui. Que ni Kumari Lajjawati, ni Feroze Chand, ni même Bejoy Kumar
Sinha, qui reçut solennellement la garde des documents sur les instructions de
Bhagat Singh lui-même, n'aient pris la peine de se pencher sérieusement sur ces
documents reste troublant.
Néanmoins, l' essentiel de
la pensée de Bhagat Singh peut ainsi être saisi sur la base de ces documents,
si substantiels soient-ils. Il est difficile d' imaginer que Bhagat Singh ait
pu écrire quatre livres à part entière en aussi peu de temps (environ deux ans,
du 8 Avril 1929 au 23 mars 1931), alors qu' il était également impliqué dans
les grèves de la faim et les audiences au tribunal . Sur les quatre titres
mentionnés, deux semblent être liés, à savoir son « Autobiographie »
et «A la Porte de la Mort». Les deux autres titres, auraient constitués
de courtes brochures, si elles avaient été conclues,
mais écrire une histoire
exhaustive des mouvements révolutionnaires en Inde semble improbable, au vu des
circonstances difficiles des deux dernières années de sa vie.
Cependant, on a également retrouvé des notes
manuscrites pour l'écriture d' un livre sur «La Théorie de l'État»[28], pour
lequel il avait pris des notes très détaillées, retrouvées dans « Jail
Notebook [29]». Dans ce
livre, Bhagat Singh aurait voulu retracer l'évolution historique de l' Etat
jusqu'à l' Etat socialiste moderne. S' il avait eu le temps d'écrire ce livre,
c' eût peut-être été une importante contribution à l'analyse marxiste de
l'Etat.
Le manuscrit qui survécût,
et dont la première version publiée en 1994 fut éditée par l' énergique
Bhupender Hooja, est un document important en soi. Ce n' est pas un carnet de
notes comme les cahiers de prison de Gramsci ou des carnets philosophiques
comme ceux de Lénine, ni même un journal comme les journaux de Che Guevara. Ce
n' est d'ailleurs pas du tout un journal; ce sont des notes réellement
singulières sur les livres lus par Bhagat Singh en prison, avant son exécution.
En plus d'être importantes par les sélections qu' elles proposent, ces notes
sont un indicateur objectif du développement des idées de Bhagat Singh. Elles
sont aussi le reflet d' une extrême sensibilité esthétique, abordant des
classiques littéraires du monde entier. Ces citations montrent que Bhagat Singh
fut un révolutionnaire d' une rare sensibilité. Pendant ses études comme par la
suite, son goût pour les films fut aussi mentionné par plusieurs de ses amis
proches et camarades. Il adorait les films de Charlie Chaplin, mais aussi des
films comme « La Case de l'Oncle Tom » ou « Les Trois
Mousquetaires ». En plus d'être un bon chanteur, il appris le théâtre
et les arts dramatiques au collège, ainsi que la littérature et d'autres formes
d'art comme la poésie. Ce fut sans doute la raison pour laquelle le
révolutionnaire vétéran, Ram Saran Dass lui demanda d'écrire une introduction à
sa collection de poésie « Dreamland ».
Il est également
intéressant de relever que bien avant que
le « Jail Notebook » n' aitttiré l'attention des chercheurs en
Inde, il a été discuté en détail par l'indianiste soviétique, L.V. Mitrokhin
dans son livre de 1981, « Lénine et L' Inde », dont la
traduction en hindi a été publié en 1990. Dans ce livre, tout un chapitre est
intitulé « Les derniers jours de
Bhagat Singh ». Dans ce livre, apparaissent des références à des
études antérieures telles que l'
article de A.V. Raikov, intitulé «Bhagat Singh et son héritage idéologique
». Mitrokhin avait d'ailleurs inclus «Les Livres lus par
Bhagat Singh », dans la publication de 1971 de « Lénine et l'Inde ». Ces
publications russes, furent les premières à tenter une évaluation objective du
développement intellectuel de Bhagat Singh, placé dans la tradition de pensée marxiste et de ses grilles de lecture.
J' avais lu le manuscrit de Bhagat Singh
« Jail Notebook» au Mémorial Nehru Museum and Library (NMML)
en 1984, et ait rapidement commencé à écrire à ce sujet dans les journaux en
hindi, regrettant qu'il reste encore inédit. Le NMML en avait obtenu une copie
du frère cadet de Bhagat Singh, Kulbir Singh, à condition de «ne pas la
publier ». C' est seulement fin 1992 que Bhupender Hooja, le rédacteur en
chef du Indian Book Chronicle à Jaipur, en a commencé l'édition
sous forme de chroniques dans son mensuel. Rassuré par nos recherches quant à
son authenticité, il publia « Jail Notebook » avec des notes
éditoriales sous forme de livre en 1994 à Jaipur. Malgré quelques bonnes
critiques, et son importance comme document historique, le « Jail Notebook »
n'a pas obtenu l'attention qu'il méritait. Ironiquement, les traductions du
manuscrit parues en hindi et en d'autres langues ne donnèrent aucun crédit au
minutieux travail d' annotations effectuées par Bhupender Hooja.
Espérons que sa nouvelle
édition aiguise aujourd'hui de manière féconde l'attention des historiens, des
étudiants révolutionnaires, des mouvements pour la liberté en Inde et des
acteurs politiques. Ce document doit être lu en relation à d'autres documents
importants de Bhagat Singh comme «Pourquoi
je suis athée»[30], « Déclarations à la Cour »,«
Lettre à de Jeunes travailleurs politiques », etc., qui ont acquis le
statut de documents classiques du mouvement révolutionnaire Indien. En effet,
dans le « Jail Notebook », les citations extraites de livres,
autres que les classiques littéraires, sont un véritable guide pour le
développement de la pensée politique démocratique, des classiques de la Grèce
antique au meilleur des écrits marxistes.
Le « Jail Notebook », se conclut, le jour de sa mort,
par une ultime note sur un livre de Lénine à moitié commencé. Le poète
révolutionnaire Pendjabi Paash écrivit un hommage appuyé au Bhagat Singh des
derniers instants, appelant « les jeunes
Indiens à reprendre le livre de Lénine là où celui-ci l'avait laissé, au
dernier jour de sa vie ».
7. L' Arme
politique de la Grève de la faim
Les grèves de la faim menées
par Bhagat Singh et ses camarades de prison furent longues et sans compromis, à
l'image de celle entreprise par leur cher camarade Jatin Das, mort le 13
septembre 1929, le jour de son soixante-troisième jour de grève de la faim.
L'alimentation forcée et le gavage au
lait endommagèrent les poumons de Jatin mais il refusa d'abandonner son
jeûne malgré les appels de ses collègues,
déclarant qu'il voulait sciemment faire don de sa vie pour la liberté de
l'Inde. Bhagat Singh et Dutt
poursuivirent leur grève de la faim après la mort de Jatin, la brisant
seulement la première semaine d'Octobre 1929, après un jeûne de 115 jours. Bhagat
Singh entreprit une autre série de grèves de la faim pendant les audiences sur
l' assassinat de Saunders, où ils furent brutalement battus sur les ordres du
juge britannique qui présidait la cour, provoquant l'ire du juge indien Agha
Haider, qui se désolidarisa et fut renvoyé du tribunal.
Bhagat Singh et ses
camarades ont utilisé la grève de la faim comme une arme politique redoutable.
La force morale de la grève de la faim, l'abnégation qu 'elle implique,
ont influé et agissent encore dans toutes les sociétés. La différence entre
un kamikaze et un gréviste de la faim est que le kamikaze, tout en donnant sa
vie pour la cause qui lui est chère, prend
la vie des autres et perd la sympathie des gens, alors qu' un
gréviste de la faim ne nuit qu'à sa santé, et même en sacrifiant sa vie, ne
pique que la conscience de la nation. Bhagat Singh et ses camarades en
étaient conscients et ils l' utilisèrent le plus possible, pour ne pas être
considérés que comme des tueurs ou des terroristes. Preuve de maturité politique[31], l' arme
de la faim grève reste aujourd'hui très efficace, à condition que la personne
qui l'observe, incarne et porte la force morale de la cause qu'elle défend.
8. Le Procès et l'exécution
Bhagat Singh et ses camarades
boycottèrent le procès de l'assassinat de Saunders. La façon dont le tribunal
procéda à la condamnation à mort de Bhagat Singh, Rajguru et Sukhdev est
soigneusement exposée dans le livre de A. G. Noorani « The Trial of
Bhagat Singh ». Le procès comme la sentence des colons britanniques
convergèrent pour exécuter les révolutionnaires Indiens. Bhagat Singh écrivit
au gouverneur du Punjab, le 20 Mars 1931, trois jours avant leur exécution,
pour qu'ils soient traités comme des prisonniers de guerre, car ils étaient
selon lui en guerre contre l'impérialisme britannique et en tant que tel,
« ils devaient être abattus plutôt que pendus ». Mais le pouvoir
impérial britannique se révéla si lâche qu'il ne put même pas maintenir le
calendrier normal de la pendaison, entre 6 et 7 heures du matin. Contre tous
les normes internationales, ils pendirent Bhagat Singh, Rajguru et Sukhdev à
7 h du soir le 23 mars 1931. Un rassemblement considérable eut lieu ce
jour-là à Lahore, organisé par le Naujawan Bharat Sabha, qui pensait que l'
exécution aurait finalement lieu dans la matinée 24 Mars. Mais, par peur de la
foule immense rassemblée à la prison centrale de Lahore, les autorités
coloniales britanniques les exécutèrent à 7 h du soir le 23 Mars même. Mais le
peuple de Lahore ne le sut pas tout de suite. Le rassemblement allait se
terminer, lorsque la nouvelle des exécutions se répandit ; les gens se
ruèrent furieusement vers les portes de la prison. Effrayés, les responsables
britanniques brisèrent les corps des martyrs en morceaux, les emballèrent dans des
sacs, et les emmenèrent à l'arrière des portes de la prison vers la rive du
fleuve Sutlej près de Ferozepur. Les corps furent hâtivement brûlés dans du
kérosène puis dispersés dans la jungle près du village de Ganda Singhwalla.
Mais les gens de Ferozepur et de Lahore, angoissés et en colère, retrouvèrent
le lieu de l'atroce crémation avant l'aube du 24 Mars, recueillirent les os à
demi brûlé et les restes des condamnés, les ramenèrent à Lahore, où une
crémation digne des trois martyrs eut de
nouveau lieu sur les berges de la rivière Ravi.
Le Parti du Congrès au Pendjab forma un comité
d'enquête pour déterminer précisément les mauvais traitements infligés aux
corps morts/restes des martyrs. Certains journaux, en particulier Bhavishya à
Allahabad, travaillèrent à alerter le comité des graves atteintes infligées aux
condamnés, or le rapport ne parut finalement jamais dans le domaine public.
Mais le Congrès publia ensuite un rapport sur les émeutes de Kanpur suivant
l'exécution des martyrs qui attira l'attention nationale, et, alors qu' une
réimpression en a récemment été publiée par le National Book Trust, il
est étrange que personne n'ait jamais même fait référence au rapport d'enquête
du Congrès sur le traitement des corps par les autorités coloniales britanniques.
Les émeutes de Kanpur, qui commencèrent après l'exécution de Bhagat Singh et
ses camarades, prirent malheureusement une couleur communaliste et coutèrent
notamment la vie au leader du Congrès local, le journaliste nationaliste et
admirateur de Bhagat Singh, Ganesh Shankar Vidyarthi.
Il en va de même en ce qui
concerne l' érection d'un mémorial pour les martyrs. Le Naujawan Bharat Sabha
avait formé un comité commémoratif pour construire un mémorial pour les
martyrs, qui fut saboté par le Congrès. Lahore fut la plaque tournante du
mouvement national et le lieu où Bhagat Singh et ses camarades se consacrèrent
sans relâche à l'action politique; là qu'ils furent exécutés puis correctement
incinérés, comme Lala Lajpat Rai. La logique aurait été de construire un
mémorial commun à Lala Lajpat Rai, Bhagat Singh, Sukhdev et Rajguru à Lahore,
sur les rives de la rivière Ravi, ce qui aurait représenté une source
d'inspiration pour la jeunesse du Pendjab.
On peut toujours se demander aujourd'hui
pourquoi aucun mémorial n'a été construit pour ces martyrs depuis plus de
soixante-quinze ans, à Lahore ou sur les lieux de naissance de Bhagat Singh et
Sukhdev à Lyalpur, maintenant Faisalabad au Pakistan. Il serait souhaitable que
les Pakistanais et les Indiens dressent conjointement un mémorial approprié à
Lahore, ainsi qu'à Faisalabad, en mémoire de Bhagat Singh. Il est peut-être le
seul symbole de la résistance contre le colonialisme et l'impérialisme qui soit
également respecté par le peuple pakistanais. Bhagat Singh constitue un des
rares dénominateur commun entre des Pendjabis désormais fragmentés et divisés,
et peut servir de symbole pour la résistance au capitalisme et à l' impérialisme.
9. Symbole de
transformation révolutionnaire
Voici encore quelques
aspects intéressants de la saga de Bhagat Singh. On sait qu'il entretenait de
bons rapport avec les dirigeants nationaux des partis que ce soit Subhash Bose, Jawaharlal Nehru,
Lala Lajpat Rai, Madan Mohan Malviya, ou les autres. Malgré les différences
radicales de stratégie et d'approche, ils restèrent toujours en contact, sauf
avec Gandhi. Subhash Bose et Nehru appréciaient Bhagat Singh, bien que les
dirigeants du Congrès et la jeunesse révolutionnaire incarnée par Bhagat aient
souvent travaillé à contre-courant, en raison de leur stratégies et tactiques
radicalement différentes dans la lutte pour la liberté. Lorsque Lala Lajpat Rai
s' allia avec les forces communalistes, Bhagat Singh et ses camarades le
fustigèrent ouvertement mais pourtant, ils ne rompirent pas avec lui. Motilal
Nehru, Madan Mohan Malviya et Dewan Lal
condamnèrent les bombes non-létales jetées par Bhagat Singh dans l'
Assemblée Centrale avec des mots très durs. Gandhi déclara que « c'était l' acte fou de deux
jeunes ».
Bhagat Singh décrivit Dewan Lal comme un «pseudo-socialiste»
dans ses célèbres déclarations devant la cour. Malgré cela les dirigeants
nationaux se tinrent au côté des jeunes révolutionnaires dans les tribunaux, ou
quand ils observèrent des grèves de la faim; ils voulaient tout de même leur
sauver la vie. L' esprit du nationalisme lia ensemble les dirigeants nationaux
et les jeunes révolutionnaires. Ils se critiquèrent les uns les autres avec
amertume et rudesse, mais se réunirent aux moments de tensions contre
l'oppression britannique.
Un autre engagement marquant de Bhagat Singh
et du mouvement révolutionnaire résida dans leur totale et féroce opposition au
système des castes
et au communalisme[32],
contrairement à Gandhi notamment. Si les mouvements dalits d'aujourd'hui[33] acceptent
un chef de file national, hormis Bhimrao Ambedkar, c' est bien Bhagat Singh.
Les écrits de Bhagat Singh et sa conduite lui ont irrévocablement valu l'amour
et le soutien des masses dalits et intouchables. En prison, avant d'aller à la
potence, Bhagat Singh n'était pas seulement en train de lire Lénine, il demanda
une dernière fois de la nourriture à Bogha, l' employée dalit de la prison,
pour qui il avait beaucoup d'affection. Il traita également l' éboueuse de
la prison comme sa mère. De même lorsque Bhagat Singh, Sukhdev et Rajguru
allèrent à la potence en riant et en chantant, Charat Singh et les autres
prisonniers, toutes castes confondues, pleurèrent tout en criant « lnquilab
Zindabad ! » .
Nous nous devons ici de noter qu' aucune des
organisations communautaristes, qu' elles soient Hindoues, Musulmanes ou Sikhes
n' a alors prononcé un mot, ni esquissé la moindre action pour la défense de
ces révolutionnaires. Il faut bien souligner que seul les mouvements de la
Gauche ont vraiment essayé de maintenir et de s' imprégner de l'esprit du
mouvement révolutionnaire dans notre pays. La(es) Gauche(s)[34] constitue
la seule véritable héritière de l'aile révolutionnaire en lutte pour la
liberté, mais aussi pour l'émancipation.
L'institution coloniale
britannique prit fin après tant de massacres. Les Britanniques négocièrent
l'indépendance avec le Parti du Congrès, lui transférant le pouvoir politique,
tout en protégeant leurs intérêts économiques[35]. Ils ne
purent se permettre de garder Bhagat Singh vivant, car il avait promis de
prendre part au renversement complet du système d' exploitation impérialiste et
capitaliste. Avec un groupe de moins d'une centaine de personnes, il fit
vaciller vigoureusement le plus puissant empire sur terre,
concernant/impliquant des millions de personnes. Pattabhi Sitaramaya, l'
historien du Congrès, a dû admettre que Bhagat Singh n' était pas moins
populaire aujourd'hui que le Mahatma Gandhi. Ce qui n'est pas un mince exploit
pour un homme de moins de 24 ans, après seulement six à sept ans d' engagement
politique.
Après avoir prononcé la
peine de mort, Jaidev Kapoor demanda à Bhagat Singh « s'il regrettait
d'affronter la mort aussi jeune? ». Celui-ci, après avoir d'abord ri à la
question, répondit sérieusement: « Avançant sur la voie de la Révolution,
parvenir à répandre et à faire comprendre le slogan «Inquilab Zindabad !»
dans tout le pays, même au risque de la mort, voilà la pleine valeur de ma vie.
Aujourd'hui, assis derrière les barreaux en attente du peloton d'exécution,
j'entends ce slogan repris par des millions de personnes, comme symbole des
forces motrices de la lutte jusqu'à la liberté, qui s' attaqueront sans relâche à l'
impérialisme et à la domination capitaliste.
Ils peuvent me tuer, mais ils ne peuvent tuer ni mes idées, ni leur parfum ».
Chaman Lal, extraits d 'un article d' Economical
and Political Weekly, All India, du 28/07/2007
Notable revolutionaries in the anti-colonial movement.
Name
|
Birth
|
Death
|
Activity
|
3 December 1889
|
11 August 1908
|
The Muzaffarpur killing
|
|
23 July 1906
|
27 February 1931
|
||
11 June 1897
|
19 December 1927
|
||
27/28 September 1907
|
23 March 1931
|
||
26 December 1899
|
31 July 1940
|
Shooting in Caxton Hall
|
|
23 March 1923
|
21 January 1943
|
Sabotage of Railway Track
|
|
22 October 1900
|
19 December 1927
|
||
25 December 1904
|
23 November 1984
|
||
7 February 1908
|
26 October 2000
|
||
4 November 1845
|
17 February 1883
|
Deccan Rebellion
|
|
1891
|
19 April 1910
|
Shooting of British Officer Jackson
|
|
1887
|
19 April 1910
|
Shooting of British Officer Jackson
|
|
13 June 1879
|
16 March 1945
|
Armed movement against the British
|
|
28 May 1883
|
26 February 1966
|
Father of Hindu Nationalism
|
|
7 December 1879
|
10 September 1915
|
The Howrah-Sibpur conspiracy case, Hindu–German
Conspiracy
|
|
18 November 1910
|
20 July 1965
|
||
15 May 1907
|
23 March 1931
|
||
24 August 1908
|
23 March 1931
|
Murder of a British police officer, J. P. Saunders
|
|
22 January 1892
|
19 December 1927
|
Kakori conspiracy, Bamrauli Action
|
|
5 May 1911
|
23 September 1932
|
Pahartali European Club attack
|
|
27 October 1904
|
13 September 1929
|
Hunger strike and Lahore conspiracy case
|
|
7 October 1907
|
15 October 1999
|
Running the bomb factory 'Himalayan Toilets'
|
|
4 July 1904
|
28 May 1930
|
Philosophy of Bomb
|
|
18 September 1883
|
17 August 1909
|
Curzon Wyllie's assassination
|
|
1897
|
7 May 1924
|
||
1905
|
15 June 1943
|
Train sabotage Sarupathar
|
|
22 March 1894
|
12 January 1934
|
||
1 December 1903
|
25 January 1979
|
||
15 August 1872
|
5 December 1950
|
||
25 May 1886
|
21 January 1945
|
||
10 March 1872
|
22 August 1944
|
||
1895
|
1969
|
||
1907
|
14 May 1934
|
Assassination of Phanindra Nath Ghosh, a government
Approver
|
|
1892
|
6 March 1962
|
||
1912
|
8 December 1930
|
||
6 December 1911
|
7 July 1931
|
||
11 September 1908
|
13 December 1930
|
||
1901
|
17 December 1927
|
||
5 January 1880
|
18 April 1959
|
||
10 December 1888
|
1908
|
The Muzaffarpur killing
|
|
16 April 1885
|
17 May 1965
|
||
1871
|
1951
|
||
23 March 1909
|
7 April 1989
|
Lahore conspiracy case
|
|
1881
|
27 January 1970
|
||
24 August 1911
|
26 December 1986
|
Attempted to Assassinate the Bengal Governor Stanley
Jackson
|
|
1 December 1912
|
2 January 1943
|
||
19 November 1828
|
17 June 1858
|
For her Kingdom Jhansi Killing and insulting British
official
|
En 1966,
le Pendjab a été redécoupé pour permettre aux Sikhs d’accéder à la majorité
démographique dans la province, conformément à la demande du principal parti
régionaliste sikh, le Shiromani Akali Dal (SAD). Cette faveur fut accordée aux
Sikhs en récompense au comportement héroïque de leurs soldats dans le conflit
indo-pakistanais de 1965.
Du
coté des peuples colonisés et dépendants, pour l’Inde, il y avait Nehru, pour
l’Indonésie Mohammed Hatta. Pour le Machrek et la résistance syrienne, El Bakri
aux cotés des délégués égyptiens et palestiniens. Pour l’Afrique subsaharienne,
Lamine Senghor pour le Sénégal, aux côtés du Comité de Défense de la Race Nègre
et du délégué des Syndicats d’ouvriers noirs d’Afrique du Sud. Le Maghreb,par
les trois délégués de l’Etoile Nord Africaine : les Algériens Hadj Ali
Abdelkader et Messali Hadj, et le Tunisien Chadly Khairallah. Pour l’Amérique
du Sud, les Péruviens Victor Raul Haya de la Torre et Eudocio Ravines, de
l’Alianza Popular Revolucionaria Americana (APRA). Les délégations les plus en
vues, celles de Chine et d’Indochine regroupaient pour la Chine, la veuve de
Sun Yat Sen, les représentants de l’Armée Rouge revenant des champs de bataille
de Manchourie, ceux du Kuomintang et ceux du gouvernement cantonais ; pour
l'Indochine, le Parti Constitutionnaliste Indochinois et son rival le Parti
Révolutionnaire d’Indochine, après la scission intervenue au sein de
l’Association Mutuelle Indochinoise, ainsi que le Parti Annamite de
l’indépendance.
[1]
Communalisme : Voir Immanuel Wallerstein, L'Inde
existe-t-elle ?, dans Impenser la science sociale : Pour sortir du XIXe
siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 1995, p 151-156, sur les
notions d' Hindustan et de Dravidia, et Valérie Fernando, Le communalisme
politico-religieux en Inde, dans Dialogues, Propositions,
Histoires pour une citoyenneté mondiale , DPH,
06-2008 : « Dès sa naissance, le 15 août 1947, l’Inde a
dû gérer politiquement la diversité des groupes religieux présents sur son
territoire, invariablement instrumentalisés par les partis politiques (l’appel
au sentiment identitaire religieux y étant l’un des plus efficaces en terme de
mobilisation politique). Issue du déchirement sanglant de l’Empire britannique
et toujours en butte avec le conflit militaire interminable au Cachemire
(région frontalière du Pakistan, majoritairement musulmane mais que les aléas
de l’Histoire ont rattaché à l’Inde), l’Union indienne a officiellement fait le
choix du sécularisme, contrairement à son frère du Pakistan, « pays des
purs » créé au nom de l’Islam proclamé religion d’Etat. En vertu du
sécularisme, l’Etat indien ne représente aucune religion particulière mais doit
protéger et reconnaître à égalité toutes les religions. Cela ne signifie pas la
neutralité puisque, à titre d’exemple, l’Etat peut financer des écoles
religieuses et appliquer un droit privé (mariage et succession) différent en
fonction de l’appartenance religieuse. Pourtant l’histoire de l’Inde
indépendante est marquée par de nombreuses tensions impliquant les diverses
communautés religieuses. Deux formes de violence « religieuse »
ressurgissent à intervalles réguliers : les émeutes inter-communautaires,
principalement entre hindous et musulmans, et les attentats, attribués
généralement aux extrémistes de diverses obédiences.Le plus souvent, les émeutes ne sont pas spontanées mais orchestrées par
des individus ou organisations extrémistes, instrumentalisant la religion à des
fins électorales. Le point de départ est souvent une provocation :
musulmans menant ostensiblement une vache, sacrée pour les hindous, à
l’abattage, hindous perturbant la prière du vendredi. Au niveau local les
émeutes peuvent aussi être la manifestation de conflits économiques, les
musulmans étant très impliqués dans le petit commerce.Les événements les plus
marquants des dernières années ont été les émeutes de 1992 ayant entraîné la
mort de deux milles personnes. Elles ont fait suite à la destruction totale,
par les organisations extrémistes hindous (RSS, Sangh Pariwar, Shiv Sena et
Vishva Hindu Parishad) et avec le soutien du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti
du Peuple Indien), d’une ancienne mosquée dans la ville d’Ayodhya, supposément
construite sur les ruines d’un temple s’élevant autrefois sur le lieu de
naissance de Rama (héros de l’épopée mythologique du Ramayana). Puis en 2002,
l’Etat du Gujarat, alors gouverné par l'actuel Premier ministre indien Narendra
Modi, fut le théâtre de nouveaux massacres de musulmans par les extrêmistes
hindous, faisant également plus de 2000 morts, et commis avec le soutien avéré
des autorités du BJP, impunies jusqu’à présent. Ces événements sanglants, bien
que perpétrés par les orthodoxes hindous, ont aussi montré à quel point la
position du Gouvernement central, quelque soit le parti au pouvoir, est ambiguë
et encourage par sa passivité de tels actes. » Voir aussi, G. Aloysius, Nationalism
Without a Nation in India, Oxford University Press, Delhi, 1997, l'article The
limits of nationalism, dans Sumit Sarkar, Writing Social History, Oxford University Press, Delhi, 1997 et Ranabir Samadar, Philosophies et actions en
période de terreur, Groupe de recherche de Calcutta, revue NAQD, 2007/1 (N°
24)
[2] Voir Christophe
Jaffrelot, Inde, la Révolution introuvable ? Des
révolutionnaires en quête de légitimité au pays de Gandhi (1895-1935), et Républicains
puis socialistes : la sécularisation des révolutionnaires encore violents
malgré Gandhi (1915-1935), p 121 à 165, dans Passions révolutionnaires,
Amérique latine, Moyen-Orient, Inde, Hamit Borzaslan,
Gilles Bataillon, Christophe Jaffrelot, Cas
de figure, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales,
2011.Voir également Shiv Verma, Bhagat
Singh : on the path of liberation,
Chennai, Bharathi Puthakalaya. 2007 ; S. Irfan Habib, To
make the deaf ear, Three Essays Collective, Gurgaon, 2007 et surtout Jose
George, Manoj Kumar and Avinash Khandare (Eds.), Rethinking Radicalism in
Indian Society : Bhagat Singh and Beyond, Rawat publications,
Kolkatta, 2009, ainsi que l'article de Niraja Rao, Bhagat Singh and the
Revolutionary Movement, pour les écrits de Bhagat Singh sur l'anarchisme et
le marxisme, dans le journal Kirti en 1928. Voir aussi, Neeti Nair,
Bhagat Singh as 'Satyagrahi': The Limits to Nonviolence in Late Colonial
India, Modern Asian Studies, Cambridge University Press, 2009, et Romain
Bertrand, « Politiques du moment colonial :historicités indigènes et
rapports vernaculaires au politique en ‘situation coloniale’ », Questions
de recherche, Paris, Sciences Po/CERI, n°26, octobre 2008.
[3] B/Vande
Mataram : L' expression "বন্দে মাতরম" B/Vande Mataram signifie « Bénie la mère patrie ! » ou
« Victoire de la Mère »; l'original est un poème en six stances écrit
en 1882 par Bankim Chattopadhyay, puis le poète Rabindranath Tagore le chanta
comme un hymne, en 1896 dans un rassemblement du Parti du Congrès, avant qu'il
ne devienne un emblème pour la lutte d'indépendance, comme hymne officieux et
comme slogan anti-colonial, avant de devenir le nom d'un journal, puis après
l'indépendance, une « chanson nationale », sans pour autant devenir
l'hymne Indien ( Jana, Gana, Mana). Une des images
les plus parlantes de l'iconographie de l'identité nationale indienne,
l'équivalent de la Marianne française , est celle de Bharat Mata ou Mother
India, symbole de l'union entre la nationalité et la divinité, souvent dépeinte
sous les traits d'une femme mince, d'un calme ascétique drapée dans un
sari ocre lui couvrant le visage. Elle ne fait pas partie du panthéon religieux
des dieux et déesses hindous ; elle est une figure strictement
nationaliste. Voir Maheshwari Malvika, Comment représenter la nation
indienne ? . Le nationalisme ordinaire à travers l'art calendaire, Raisons
politiques 1/2010 (n° 37) , p. 53-64
[4] Bharat Mata Society : Mouvement
révolutionnaire anti-britannique des Sikhs du Pendjab créé en 1907. Les Sikhs,
auxquels appartiennent Bhagat Singh et sa famille, sont une des minorités
ethniques et religieuses indiennes, mais sont majoritaires au Pendjab, dont la
capitale fédérale était Lahore. Les fondements scripturaux de leur religion
obligent à suivre une stricte orthopraxie fondée sur l’affichage de signes
extérieurs d’appartenance au sikhisme, les « 5 K » ; Il s’agit, outre le
port du turban, du kesh(poils faciaux et cheveux non taillés), du kanga(petit
peigne porté sous le turban), du kara(bracelet), du kirpan(dague) et du
kacha(caleçons courts). Voir Denis Matringe, Les Sikhs : histoire et tradition des « Lions du Panjab »,
Éditions Albin Michel, 2008 ; W. Owen Cole et Piara Singh Sambhi, A Popular dictionnary of Sikhism,
Editions Curzon, 1997, et Khushwant Singh, The
Illustrated History of the Sikhs, Oxford University Press, 2006,
[5] Voir
Ganda Singh, ed., History of the Freedom Movement in the Panjab, vol. IV
(Deportation of Lala Lajpat Rai and Sardar Ajit Singh) Patiala, 1978. Ajit
Singh,l'oncle de Bhagat, parcourut le monde entier durant son exil, et noua de
nombreux contacts révolutionnaires, notamment en Turquie, où il rencontra
Mustapha Kemal, en Suisse, où il connut Trotsky, mais aussi en France, au
Brésil et aux Etats-Unis. Il paraît nécessaire de souligner également la tenue
en février 1927, du premier congrès de la Ligue contre l'Impérialisme et
l’oppression coloniale, à Bruxelles, regroupant des révolutionnaires
anti-colonialistes du monde entier. Le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles
ou Union des peuples des Trois continents, se tint du 10 au 15 février 1927,
initié par les communistes européens mais se voulant celui des peuples
colonisés. De nombreuses organisations et personnalités européennes y
participèrent. Le Congrès anti-impérialiste de Bruxelles marquait l’émergence
du « troisième » monde sur la scène internationale et la solidarité effective
des peuples des Trois continents contre l’impérialisme occidental. « Pour la
première fois dans l’histoire, écrivait le Tunisien Chadly Khairallah, plus de
150 délégués, représentant un milliard d’opprimés courbés sous le joug de
l’impérialisme, se sont rencontrés avec les représentants de toutes les
organisations d’avant-garde, d’Europe et d’Amérique, et avec tout ce qui reste
encore d’hommes de pensée libérale pour les instruire de l’oppression qu’ils
subissent, sous divers formes et suivant les pays, par l’odieux régime colonial
des pays oppresseurs. Ils ont clamé à la face du monde entier leur douleur, ils
ont expliqué leur martyre et affirmé leur volonté de lutte énergique, jusqu’à
leur libération totale. Ils ont reçu l’assurance de leurs frères exploités
d’Europe que, dans cette lutte, ils peuvent compter sur leur aide morale et
matérielle sans aucune réserve.» Voir
à ce sujet Vijay Prashad, Les nations obscures.
Une histoire populaire du Tiers Monde, Montréal, Écosociété, 2009,
et Benedict Anderson, Les Bannières de la Révolte, et L'imaginaire
national. Réflexions sur l'origine et l'essor du
nationalisme, Paris, La Découverte, 2009 et 2006.
[6] Jallianwala Bagh à Amritsar en
1919 :
massacre par balles de manifestants non-violents et de pèlerins par les troupes
britanniques du colonel Dyer, faisant 379 morts et 1 100 blessés au cours
des cérémonies annuelles de Baisakhi, célébrations à la fois culturelles et
religieuses pour les Pendjabis. Dyer sera relevé de ses fonctions. Voir
Nicholas Lloyd, The Amritsar Massacre : The
Untold Story of One Fateful Day, London, I. B. Tauris, 2011,
[7] Parti
historique Sikh du Pendjab, centriste, actuellement appelé (Shiromani) Akali
Dal. L' (S)AD a été fondé en 1920 dans le cadre d’un mouvement d’agitation
destiné à redonner aux Sikhs le contrôle de leurs temples (les gurudwaras),
passés entre les mains de prêtres hindous. Devenu le principal parti Sikh,
c'est-à-dire s’affichant comme tel, à la différence du Congrès, pourtant dirigé
par des Sikhs au Pendjab, l’Akali Dal s’est imposé comme le plus sérieux
rival provincial du Congrès à la fin des années 1960. Il est depuis dominé par
la caste des Jats. Voir notamment Harjinder Singh Dilgeer. Sikh History. Sikh University Press, Belgium, 2010-11. 10 volumes
et Laurent Gayer, Les politiques internationales de l’identité.
Significations internationales des mobilisations identitaires des Sikhs (Inde)
et des Mohajirs (Pakistan), thèse de doctorat (science politique), Sciences
Po Paris, 2004.
[8] Parti
du Congrès : Fondé en 1885, le Congrès lutte pour l'indépendance du pays
avec des figures comme Gandhi ou Nehru. Après l'indépendance, il domine la vie
politique indienne jusque dans les années 1970 et reste dirigé, pour la majeure
partie de son histoire, par la famille Nehru-Gandhi. Il est situé au centre gauche du paysage
politique indien. Voir M.M. Ahluwalia, Freedom Struggle in India, 1858-1909,
Delhi, 2006 et surtout Sumit Sarkar, Modern India, 1885-1947, Macmillan,
New Delhi, 1983, et Towards Freedom,1946, ICHR, Oxforf U.P., 2005, ainsi
que Bipin Chandra et al, India’s
Struggle for Independence 1857-1947, Viking, New Delhi, 1988.
[9] Emeutes
à Chauri Chaura, village d' Uttar Pradesh, le 5 février 1922: Violents
affrontements pendant des manifestations anti-coloniales qui firent de
nombreuses victimes, dont 3 civils et 22 policiers dans l'incendie d'un poste de police. Le parti du
Congrès suspendit sa participation au mouvement national de manifestations
après cet événement. Voir Shahid Amin, Event,
Metaphor, Memory : Chauri Chaura, 1922–1992. Berkeley, CA: University of
California Press, 1995.
[10] HRA-Hindustan Republican Association, HSRA-Hindustan Republican Socialist
Association,
NBS- Naujawan Bharat Sabha- Youth Society of India, partis anti-coloniaux, révolutionnaires et
étudiants. Le HRA naquit d'une scission au niveau national au sein du Congrès.
Après les émeutes de Chauri Chaura en 1922, et une réunion houleuse du parti à
Gaya la même année, où les non-violents rejoignirent Gandhi, les
révolutionnaires firent sécession derrière Ram Prasad Bismil, Sachindra Nath
Sanyal, Jadugopal Mukherjee et Jogesh Chandra Chaterjee, et créèrent le HRA en
1924, avec des réseaux à travers l'Inde. Ils publièrent des projets de
constitution ( les Yellow Papers en 1924), et un manifeste, The
Revolutionnary, en 1925, contre l'exploitation et pour le fédéralisme
socialiste et le suffrage universel.A partir de 1925, Bhagat Singh,
Chandrasekhar Azad, Sukhdev Thapar, Bhagawati Charan Vohra, Ashfaqullah Kahn,
Battukeshwar Dutt, l'écrivain Yashpal et d'autres compagnons rejoignirent le
parti et multiplièrent les actions. Certains furent pendus en 1927 suite à
l'attaque du train postal à Kakori, et après les émeutes contre la Commission
Simon en 1928, groupe chargé de réviser la Constitution, et dont les membres
étaient uniquement britanniques, le HRA s'allia à d'autres groupes révolutionnaires
au Bengale et au Bihar notamment, pour faire émerger le HSRA, dont la finalité
fut plus encore marxiste. Leur manifeste de 1928, écrit par Bhagawati Charan
Vohra, s'intitule Philosophie de la bombe (Philosophy of the Bomb).
Ils participèrent à toutes les actions d'envergure contre les britanniques
(meurtre du vice-intendant Saunders en 1928, attaque du Parlement en 1929,
attentat contre le vice-roi des Indes en 1929,...), mais le parti fut démantelé
en 1931 entre les arrestations et les pendaisons, seules des factions
régionales subsistant jusqu'en 1936.
La NBS, ou Youth
Society of India, créée par Bhagat Singh, Sukhdev et Rajguru en 1926 , en
parallèle au HRA, organisait des banquets mêlant toutes les castes et toutes
les religions, mêlant ainsi aussi nourriture halal et jhatka ( voir Irfan
Habib, op cit, p.43). Elle existe encore aujourd'hui ( voir leur site www.naubhas.in) et
s'attache toujours au combat contre les
castes, les fondamentalismes religieux, le communalisme et surtout contre la
récupération de ses idées par les milices extrémistes nationalistes du Sangh
Pariwar, des RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh) et du BJP (Baratha Janata Party,
Parti du Peuple Indien),parti religieux au pouvoir aujourd'hui.Voir Christophe
Jaffrelot, Inde, la Révolution introuvable ? Des
révolutionnaires en quête de légitimité au pays de Gandhi (1895-1935), p
121 à 165, dans Passions révolutionnaires,Amérique latine, Moyen-Orient,
Inde, Hamit Borzaslan, Gilles Bataillon, Christophe
Jaffrelot, Cas de figure, Éditions de
l’École des hautes études en sciences sociales, 2011, p 121-143, ainsi que Dilip Parameshwar Gaonkar, Cultures of democracy, Duke University Press,
2007, et Ram Chandra, Naujawan Bharat Sabha and Hindustan Socialist
Republican Association/Army (H.S.R.A.), Narration of the revolutionary
activities in India, 1924-1947, 1986.
[11] Pratap,
Matwala, Mislap, People : journaux et magazines
critiques. Ganesh Shankar Vidyarthi, l' éditeur
de Pratap, fut notamment le traducteur en hindi de Quatre-Vingt-Treize,
de Victor Hugo. Feroze
Chand, l'éditeur de People et Bande Mataram fit travailler de
nombreux révolutionnaires dans ses journaux et fut souvent inquiété par la
police. Voir le recueil collectif Anisur Rahman,
Supriya Agarwal, Bhumika Sharma (Eds.), Discoursing minority, In-Text
and Co-Text Author, Rawat Publications, Delhi, 2014, mais
aussi Christopher
Pinney, Photos of the Gods : The Printed Image and Political Struggle in
India, Londres, Reaktion Books, 2004, et sur
les résonances aujourd'hui l'excellent ouvrage de Farah Naqvi, Waves in the Hinterland: The Journey of
a Newspaper, Zubaan
Mela, Delhi, 2008.
[12] Ouvrage
classique de la littérature anti-coloniale indienne. En contrepoint voir
l'essor de la littérature impérialiste dans Antoinette Burton et Isabel
Hofmeyr, Ten Books That Shaped the British Empire: Creating an Imperial
Commons, Duke University Press, 2014, et le long processus d'hindouisation
littéraire dans Akshaya Mukul, Gita Press and the Making of Hindu India, Harper
Collins India, 2015.
[13]
Le
mouvement Sikh des Babbars Akali ( les Lions de l'Akali/Pendjab) émergea de
1920 à 1923 au Pendjab comme organisation clandestine radicale et
anti-coloniale ; elle lutta contre le gouvernement britannique, mais aussi
les prêtres inféodés et les agents infiltrés. Démantelée de 1924 à 1926, elle
inspira notamment la création du NBS et du parti Kirti. Voir M.S. Leigh, The
Punjab and the War, Government Printing Press,Lahore, 1922, p. 44 ;
Gurcharan Singh, Babbar Akali Movement, A Historical Survey, Aman
Publication, Zira, 1993, pp. 41-42, et
Nijjar Bakhsish Singh, History
of the Babbar Akali, ABS Publications, Jalandhar, 1987.
[14] Le
parti Ghadar (Parti révolutionnaire) fut fondé en Californie en 1913 par des
étudiants indiens en exil, puis se constitua notamment autour de Kartar Singh
Sarabha, Lala Har Dayal, Sohan Bahkna, Abdul
Hafiz Barakatullah, ou Rashbehari Bose. De retour en Inde en 1914, ils
firent tout pour renverser l'Empire colonial britannique. Ils publièrent le
célèbre journal Ghadar (Révolution) en plusieurs langues indiennes, montèrent
des camps d'entraînement militaire et développèrent des ateliers de confection
d'explosifs à travers le pays, oeuvrant à de nombreuses émeutes et actions
révolutionnaires . Ils profitèrent de l'entrée en guerre britannique dans la
Première Guerre Mondiale pour leur adresser une Décision de Déclaration de
Guerre, le 5 août 1914, puis tentèrent de renverser le gouvernement
colonial à partir de février 1915. Après les arrestations massives et le procès
de 1915, le mouvement recula puis se joignit aux Babbars Akali du Pendjab et à
d'autres organisations à travers l'Inde. Aux Etats-Unis, le parti perdura
jusqu'en 1948, malgré la scission entre factions communiste et anti-communiste.
On retient surtout du parti ses origines et ses composantes extrêmement
diverses, de castes comme culturellement et confessionnellement. Voir Maia Ramnath, Haj to utopia, How the Ghadar movement Charted
Global Radicalism and Attempted to Overthrow the British Empire, University of California
Press, 2010 et Lala Har Dayal, Marx, a Modern Rishi, Modern Review, reproduit
dans Paran Joshi, Marx comes to India, Delhi, Manohar, 1975.
Le parti Kirti
(Travailleur), fut créé en 1926 au Pendjab par Santokh Singh, du Ghadar Party,
et fut à la fois une branche du Parti des Travailleurs et Paysans (Workers
and Peasants Party, WPP, créé en 1925 au sein du Congrès) et du Parti
Communiste Indien ( Communist Party of India, CPI, également fondé en
décembre 1925). Les communistes désertèrent le WWP, qu'ils accusaient d'être
une création stalinienne au moment de la Troisième Internationale Communiste en
juillet 1928. Le WWP fut décimé par les arrestations et les exécutions des
syndicalistes paysans à partir de 1929, après la conférence révolutionnaire inter-partis
de Meerut et les émeutes contestant les élections municipales de Bombay. Le CPI
(Marxiste) existe toujours ( ainsi que ses scissions des CPI/Léninistes,
Marxistes-Léninistes, Maoïstes, Marxistes-Periaristes, Révolutionnaires,…). Au
Pendjab,le parti Kirti, publia un journal, Kirti (Le Travailleur),
et un hebdomadaire Lal Nishan (Le Drapeau Rouge) qui eurent alors
énormément d'impact. Outre ses engagements communistes, l'un de ses principaux
combats fut notamment de remettre en cause le système des propriétaires
terriens ( Zamindars) en agriculture, pour une redistribution collectiviste des
terres. Nombre de ses membres entrèrent ensuite au HSRA. Voir John Callaghan, Blowing Up India: The Comintern and India
1928-35, in Matthew Worley, In Search of Revolution: International
Communist Parties in the Third Period. London, I.B. Tauris, 2004 ;
Andrzej Walicki. The Controversy over
Capitalism: Studies in the Social Philosophy of Russian Populists, Oxford
University Press, 1969 ; ainsi que Subodh Roy (ed.). Communism in India - Unpublished Documents 1925-1934. Calcutta,
National Book Agency, et O.P. Ralhan (ed.). Encyclopaedia
of Political Parties - India - Pakistan - Bangladesh - National -Regional -
Local. Vol. 23. Revolutionary Movements (1930-1946). Delhi, Anmol
Publications, 2002. p. 689-691,Local.
Vol. 14. Communist Party of India. Voir également M.V.S. Koteswara Rao. Communist Parties and United Front - Experiences in Kerala and West
Bengal. Hyderabad, Prajasakti Book House, 2003.
[15] Kartar
Singh Sarabha, créateur du parti Ghadar (Parti révolutionnaire), né au Pendjab,
quitta l'Inde pour Berkeley et la Californie à quinze ans. Il fut pendu en
septembre 1915 avec 24 compagnons après la tentative de mutinerie et de
révolution à Lahore. Il fut le plus célèbre condamné d'un procès devant un
tribunal d'exception, en vertu du Defence of India Act, qui marqua l'imaginaire
politique des Indiens dans leur ensemble, mais plus encore des Pendjabis. Voir
S.N. Aggarwal, The Heroes of Cellular Jail, Abhishek Publications,
Punjabi University, Patiala, 1985, et Chaman Lal, Gadar Party Naik:Kartar Singh Sarabha, NBT, New Delhi, 2007.
[16]
Conspiration de Kanpur : au même moment que Bhagat Singh et les
révolutionnaires au Pendjab et au Bengale, en mars 1929, les britanniques
arrêtèrent de nombreux militants syndicalistes et politiques du Parti
Communiste indien et du Workers and Peasants Party à travers toute l' Inde, et
notamment à Bombay; leur procès inspira en 1932 à la troupe de théâtre de rue
de Manchester, les Red Megaphones, une pièce intitulée Meerut. Voir à ce
propos, Devendra Singh. Meerut Conspiracy
Case and the Communist Movement in India, 1929-35, Research India, 1990.
[17] Bombe à
Lahore pendant la fête de Dusherra : Bhagat Singh fut accusé de cet
attentat anti-colonial en 1926, et détenu pendant cinq semaines avant de sortir
contre caution. Voir Chaman Lal, The documents of
Bhagat Singh and his associates, Rajkamal
Prakashan, Delhi, 1987
[18]
Commission Simon : groupe parlementaire britannique envoyé en 1928 par la
couronne pour entreprendre une réforme constitutionnelle de l'Inde colonisée,
sans un seul indien y participant. L'alternative pour l'Empire étant alors déjà
de faire de l'Inde ou un « Dominion » ou une République . Suivront
les trois Round Table Conferences qui se sont déroulées de 1930 à 1932, série de conférences
inter-partis organisées par le Gouvernement britannique en vue de réformes
constitutionnelles . Voir Claude Markovits, A History of Modern India 1480–1950, Anthem
Press, South Asian Studies , 2004, et David Ludden, India and South Asia: a short history,
Oneworld Press, 2002.
[19]
Lathis : longues matraques encore utilisées de nos jours lors des
répressions et charges policières.
[20] Attaque
à la bombe et vol du train postal à Kakori : attaque, notamment par
Chandra Sekhar Azad, d'un train postal transportant de l'argent d' Etat en août
1925. Un passager mourut dans l'attaque, et Kakori symbolisa les débats qui
émergèrent alors au sein du HRA et dans tout le pays sur les nécessités des
violences contre l'Etat, et de ses limites, pour les civils.Voir Rana Bhagwan Singh, Chandra Shekar
Azad, an Immortal Revolutionnary for India, New Delhi, Diamond Books,
2004.
[21] Jatin
Nath Das, compagnon de Bhagat Singh et éminent révolutionnaire indien mort
d'une grève de la faim ; une foule immense l'accompagna en septembre 1929
pour son enterrement et le rapatriement de son corps de Lahore à Calcutta. Voir
Bagha Jatin: The Revolutionary Legacy, Indus Source
Books, Mumbai. 1989.
[22] Il
s’agit de l’attentat d’Auguste Vaillant à la chambre des députés le 9 décembre
1893, en plein scandale de Panama. L’anarchiste y lança une bombe en pleine
séance, cette dernière composée de clous et non de balles visait à blesser et
non tuer. Il fut néanmoins guillotiné le 5 février 1894. Il déclara avant
l’énoncé de son verdict : «Las de mener cette vie de souffrance et de lâcheté,
j’ai porté cette bombe chez ceux qui sont les premiers responsables des
souffrances sociales. L’explosion de ma bombe n’est pas seulement le cri de
Vaillant le révolté, mais bien le cri d’une classe qui revendique ses droits et
qui bientôt joindra les actes à la parole ! »,Voir Dictionnaire
international des militants anarchistes, CIRA, Marseille.
[23] J.
Nehru, A. Jinnah : figures principales et récurrentes du nationalisme
bourgeois et autoritaire, hindou comme musulman. En 1947, Nehru devint premier
Ministre de l' Inde, Jinnah du Pakistan.
[24]
Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), Hindu Mahasabha, Sangh Pariwar, Shiv
Shena : partis et milices ultra-nationalistes. Fondation du parti nationaliste hindou RSS en septembre 1925 après les
violentes émeutes interconfessionnelles d'Aligarh, sous le nom d'
« Association des volontaires nationalistes », en réaction à la
mobilisation provoquée par le mouvement du Califat. Issu du Hindu Mahasabha, son objectif est de
rassembler les Hindous pour qu’ils puissent faire face aux Musulmans. Le parti
se dote d’une organisation paramilitaire et les cadres, formés comme prédicateurs,
consacrent leur vie à la cause. Avec le Sangh Pariwar, la Shiv Sena et le
Vishva Hindu Parishad, ils constituent
encore le bras armé du BJP, parti actuellement au puvoir.Voir Dr.
Shamsul-Islam, Know the RSS: Based on Rashtriya Swayamsevak Sangh Documents,,Pharos
Media & Publishing, 2015 et surtout l'excellent ouvrage de Kancha Ilaiah, Why
I'm not a Hindu ? A Sudra
Critique of Hindutva Philosophy, Culture and Political Economy, Bhatkal
& Sen, 2007 et toujours de Kancha Ilaiah, Buffalo Nationalism - A Critique of Spiritual Fascism, Samya
Publishers, 2004.
[25]
Bibliographie de référence : Shiv Verma (ed), Selected Writings of
Shaheed Bhagat Singh, National Book Center, New Delhi, 1986,
[26] Voir
ici notamment Frantz Fanon, Les damnés de la Terre, Paris, 1961,
Maspero : « Car, au premier temps de la révolte, il faut tuer :
abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même
temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme
libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la
plante de ses pieds. » ; « Le colonialisme n’est pas une machine
à penser, ni un corps doué de raison. Il est la violence à l’état de nature et
ne peut s’incliner que devant une plus grande violence. » ; « Le
colonialisme et l’impérialisme ne sont pas quitte avec nous quand ils ont
retiré de nos territoires leurs drapeaux et leurs forces de police. Pendant des
siècles les capitalistes se sont comportés dans le monde comme de véritables
criminels de guerre. Les déportations, les massacres, le travail forcé,
l’esclavagisme ont été les principaux moyens utilisés par le capitalisme pour
augmenter ses richesses et établir sa puissance. Il y a peu de temps, le
nazisme a transformé la totalité de l’Europe en véritable colonie. Les
gouvernements des différentes nations européennes ont exigé des réparations et
demandé la restitution en argent et en nature des richesses qui leur avaient été
volées [...]La réparation morale de l’indépendance nationale ne nous aveugle
pas, ne nous nourrit pas. La richesse des pays impérialistes est aussi notre
richesse.[...] L’Europe est littéralement la création du tiers monde. »
[27] Sur le journal People et le rôle
notamment de l'éditeur Feroze Chand dans la construction iconographique de
soutien aux révolutionnaires, voir Kama MacLean, The
Portrait's Journey: The Image, Social Communication and Martyr-Making in
Colonial India, et the History of Legend : Accounting for Popular
Histories of Revolutionnary Nationalism in India,
in Modern Asian Studies, 2012.
[28] Sur la
Théorie révolutionnaire de l’État, voir l' article «The Problem of the Capitalist State», de
Nicos Poulantzas dans la New Left Review, en 1969, critique de l'ouvrage The
State in Capitalist Society, de Ralph Miliband. Bhagat Singh fut influencé
tant par les textes révolutionnaires communistes qu 'anarchistes, et
écrivit en 1928 sur l'anarchisme dans le journal Kirti, où il
analysa les théories de Bakounine (1814-1876) notamment les théories de la
liberté solidaire et universelle par l'anarchisme collectiviste, énoncées dans l'Appel
aux Slaves, où résonne la priorité donnée à la révolution sociale sur la
révolution politique. En 1869 il publie De la Coopération, en 1871, La
Commune de Paris et la notion d’État et en 1873, L' Etat et
l'Anarchie. Pour Bakounine « l'essence de toute religion est
l'asservissement de l'humanité au profit de la divinité, la négation de
l'humaine liberté qui aboutit nécessairement à un esclavage non seulement
théorique mais aussi pratique car l'Histoire est sans limites, sans
commencement et sans fin". L' Etat lui, est destructeur. Dans la société
naturelle l' Etat créé par la religion, c'est l'esclavage ; et dans la théorie
du contrat social, l' Etat satisfait "l'égoïsme collectif d'une association
particulière et restreinte", en ennemi de l'Universel: la multiplicité des
Etats détruit ainsi la solidarité universelle. Mais l' Etat détruit, également,
la solidarité interne, car à la racine de l'esclavage salarié. L' Etat
destructeur doit être détruit. La praxis révolutionnaire, fondée sur la
dialectique de Hegel, permettra sa destruction et la transformation du monde,
collectiviste dans sa finalité et retrouvant la solidarité universelle détruite
par l'Etat. Le socialisme ne peut être étatique car le socialisme étatique
c'est toujours l'esclavage de l' Etat: "Nous repoussons énergiquement tout
ce qui ressemblera, de prés ou de loin, au Communisme et au Socialisme d'
Etat".
[29] Voir notamment, Bhagat Singh, Jail
Notebook and Other Writings, Edited and introduced by Chaman Lal, Leftword
Books, 2007, voir aussi, sur les motifs de leur engagement, le manifeste
limpide écrit en 1928 par les compagnons révolutionnaires de Bhagat Singh,
Bhagawati Charan Vohra et Chandra Shekhar Azad, The Philosophy of the Bomb,
republié en réponse à l'article de Gandhi, The Cult of the Bomb, qui
« condamnait fermement les violences et remerciait Dieu » après un
attentat manqué du HSRA contre le train du vice-roi des Indes, Irvin.
[30]
Voir en résonances la préface de Raihan Abir et l'excellent livre d'Avijit Roy
et Raihan Abir, Philosophy of Disbelief (Obisshasher Dorshon),
Mukto-Mona, Dacca, 2011, ainsi que l'article d'Avijit Roy "The Virus of
Faith", Free Inquiry Magazine, May 2015.
[31]
La montée du militantisme en Inde au début du XXe siècle fit craindre aux autorités coloniales
la propagation de leurs «idées dangereuses» si les nationalistes étaient
internés sur le continent. Les grèves de la faim des détenus politiques dans
les prisons continentales et dans la prison de Port Blair aux Iles Andaman,
furent une extension du mouvement de résistance contre le colonialisme. Au prix
de nombreuses vies, les grèves de la faim maintinrent haut l’esprit de la
lutte, dénonçant les traitements infligés aux prisonniers politiques comme la
déshumanisation de les nourrir de force. Voir les ouvrages de U.K. Singh,, Political
Prisoners in India, Oxford, Oxford U.P., 1998, ainsi que Shiv Verma, Sansmritiyan
(The memoirs), Lucknow, Martyrs Memorial and Freedom Struggle Research Center
1991, et S.Sen, Disciplining Punishment: Colonialism and Convict
Society in India, Oxford, O.U.P., 2000. Voir aussi les articles de Pramod Kumar Srivastava dans Authority and
resistance in the penal colonies, et notamment Resistance and repression
in India: the hunger strike at the Andaman cellular Jail in 1933, Crime,
Histoire & Sociétés / Crime, History & Societies,
Vol. 7, n°2 | 2003, p 81-102, Droz, ainsi que Durba, Gosh, Britain's global war on terrorism : containing
political violence and insurgency in the interwar years, et How Empire
Mattered: Imperial Structures and Globalization in the Era of British
Imperialism, Berkeley. U.P., 2003 et 2007.
[32] Sur les combats contre
les castes, le communalisme et le patriarcat, voir, entre autres, les combats de
l'activiste Soni Sori et le mouvement Cast out Caste! , et
Dorothy Figueira, Aryans, Jews, Brahmins: Theorizing
Authority through Myth of Identity. Navayana,
Delhi, 2014, ainsi que Gail Omvedt, Understanding Caste: From Buddha to
Ambedkar and Beyond, Orient BlackSwan, Delhi, 2012 ; Rāmacandra Kshīrasāgara, Dalit Movement
in India and its Leaders, 1857–1956,
M.D. Publications Pvt. Ltd.,
1994, et Aloysius Irudayam, Jayshree Mangubhai, Dalit
Women Speak Out: Caste, Class and Gender Violence in India, Zubaan Mela,
Delhi, 2007. Consulter aussi les sites http://www.roundtableindia.co.in/ http://www.socialsciencecollective.org/ http://www.siawi.org/ (Secularism is a Women's Issue).
[33] Le Dr
Bhimrao Ambedkar (1891-1956), homme politique indien, fut le rédacteur de la
constitution de l’Inde indépendante et le leader des Intouchables, qu’il a
conduits sur le chemin de l’émancipation en prônant la conversion au
bouddhisme. Lire le roman graphique Bhimayana. Histoire de vie de Bhimrao Ramji
Ambedkar, MeMo, Nantes, 2012. Voir également Bhimrao Ambedkar, Annihilation
of Caste: The Annotated Critical Edition, Navayana, Delhi, 2015, et What Congress and Gandhi have done to the untouchables,
Thacker, 1946 ,
ainsi qu' Ambedkar Age Collective, Hatred in the belly: Politics behind the
appropriation of Dr Ambedkar's writings, The Shared Mirror Publishing
House, 2015 ; et les poèmes de Meena Kandasamy, Ms. Militancy, Navayana, Delhi, 2010. Lire aussi l'intéressant
dossier Mobilisations en Inde, La modernité à l’épreuve de l’universalité, Mouvements
des idées et des luttes, 2014/1 (n° 77).
[34] Sur les
gauches indiennes, les combats des dalits et le courant des Subalternes, voir
notamment Vivek Chibber, Postcolonial
Theory and the Specter of Capital, Verso, London, 2013, Navayana,
Delhi, 2014 ( à paraître aux Editions de l'Asymétrie); Vinayak
Chaturvedi, Mapping Subaltern studies and the Postcolonial, Rawat
Publications, Delhi, 2015 ; l'article « Decline of the Subaltern
in Subaltern Studies », in Sumit Sarkar, Writing Social History, Oxford University Press, Delhi, 1997, Chap.
3, ainsi que Praful Bidwai, The Phoenix Moment : Challenges Confronting the
Indian Left, Harper Collins India, 2015. Lire l'excellent texte de
Paresh Chattopadhyay, The Marxian Concept of Capital and the Soviet
Experience, Praeger Series in Political Economy, 2004, paraît aussi
indispensable
Les « naxalites
» sont des révolutionnaires indiens, de tendance maoïste, qui tirent leur nom
du village de Naxalbari, au Bengale occidental, où une révolte paysanne éclata
en 1967, donnant le coup d’envoi d’un mouvement insurrectionnel qui s’étendit
rapidement à une grande partie de l’Inde et qui y demeure très active. Voir
Jeremy Weinstein, Inside Rebellion, The Politics of Insurgency Violence,Cambridge
University Press, Cambridge, 2007, et le débat autour de Charles E Cobb, This Nonviolent Stuff'll Get You
Killed: How Guns Made the Civil Rights Movement, Basic Books, 2014 ; voir
aussi l'article d'Arundhati Roy, Walking with the Comrades, in Outlook
India, 29 Mars 2010, et Bidyut Chakrabarty and Rajat Kumar Kujur, Maoism in
India: Reincarnation of Ultra-Left Wing Extremism in the Twenty-First Century,
Routledge, Oxon, 2010,
[35]Sur
les enjeux économiques de la décolonisation, du néocolonialisme , voir Bouda Etemad,
La possession du monde. Poids et mesures de la colonisation (XVIIIe-XXe
siècles), Paris, Éd. Complexe, 2000. B. Etemad, à l'aide de l'histoire
militaire, estime froidement que, pour accéder au contrôle de 534 millions de
«colonisés», « seulement » 300000 colons seraient morts pendant les
guerres coloniales de 1750 à 1912, dont beaucoup en Inde et en Algérie. Voir
Navtej, Singh, Starvation and Colonialism, National Book Organisation,
New Delhi, 1996, et Tirthankar Roy, Traditional Industry in the Economy of
Colonial India, Cambridge, 1999. Lire aussi le chapitre « Du charbon
et des plantations », dans Kenneth Pomeranz, La force de l’empire.
Révolution industrielle et écologie, ou pourquoi l’Angleterre a fait mieux que
la Chine, Alfortville, éditions è®e, 2009, p. 7-32, et Romain
Bertrand, L’Histoire à parts égales, Paris, Seuil, 2011.
Sur les implications épistémologiques et théoriques actuelles, voir
Jairus Banaji, Theory As
History: Essays on Modes of Production and Exploitation, Historical
Materialism, mais surtout Kalyan Sanyal, Rethinking Capitalist Development: Primitive Accumulation,
Governmentality and Post-Colonial Capitalism, Routledge, Delhi, 2013 et
Avinash Kumar, Criminalisation of politics ; Caste, Land and the State,
Rawat Publications, Delhi, 2015.